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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 17 novembre 2016

Polyhandicapés placés en psychiatrie : la grève reprend aux hôpitaux de Saint-Maurice

Polyhandicapés placés en psychiatrie: la grève reprend aux hôpitaux de Saint-Maurice
Les agents des unités de psychiatrie Rosa Parks et Averroes des Hôpitaux de Saint-Maurice replantent leur piquet de grève ce jeudi 17 novembre entre 13h30 et 14h30,
pour protester contre le transfert de deux personnes issues de l’unité polyhandicapées Margueritte Bottard qui a fermé définitivement le vendredi 4 novembre.  Une première grève était intervenue début novembre, mais la situation n’a pas bougé, indique le syndicat CGT.
« Depuis, les soignants ont pris en charge ces deux personnes mais les structures ne sont pas adaptées et les assistants sociaux n’arriveront pas à trouver de places adaptées avant un an. Nous souhaitons que la direction prenne les choses en main et décroche son téléphone pour accélérer les choses », indique David François, délégué CGT. En parallèle du mouvement de grève, le syndicat a pris contact avec des associations d’usagers, contacté Adeline Hazan, contrôleure général des lieux de privation de liberté, et écrit aux conseillers techniques du ministère de la Santé et des affaires sociales.

Liens sociaux contemporains Rien ne va plus ?

  
Le SAPP organise une demi-journée le jeudi 24 novembre 2016 de 9h à 12h30 : 

Salle Notre Dame (rez-de-chaussée)
92 bis, boulevard du Montparnasse 75014 Paris

 Le sujet édifie ses premiers liens avec l’Autre, sa famille et la société (l’école, le monde du travail…). De quel ordre sont ces liens établis  avec l’autre et le collectif ? Comment le vivre ensemble se construit-il ?

Tout d’abord par le langage qui introduit lien, manque, séparation et aussi par les idéaux, les fictions collectives. C’est ainsi que  la transmission culturelle se fait d'une génération à l'autre au cours de l’histoire, à charge de chacun de se l’approprier et d’inventer.

Pour maintenir la cohésion sociale, la civilisation demande au sujet de se soumettre aux règles du collectif et pour cela  de sacrifier une  part  de sa vie pulsionnelle, à laquelle il ne peut toutefois  totalement renoncer (sexualité, agressivité). Pour ce faire, nous avons recours aux mythes, aux religions, aux lois, aux valeurs du groupe... Cette tension va produire ce que Freud va nommer le Malaise dans la civilisation.

Alors qu’aujourd’hui les moyens de communication, d’information se multiplient (facebook, twitter…), le discours capitaliste, où prédominent l’économie de marché et la technoscience, a pour effet de précariser, de fragmenter les liens et de mettre à mal le corps social.

Les fictions actuelles : la compétition, l’individualisme cynique et le sans limite de la finance, ce que P. Legendre nommait la férocité sociale, prônent la consommation et la jouissance comme valeurs essentielles. Quelles en sont les retombées sur nos subjectivités ? Quelles en sont les conséquences cliniques ?


« Dernières nouvelles du cosmos » : une Pythie dans une bouée

Pendant deux ans, Julie Bertuccelli a filmé une jeune femme autiste et artiste, Hélène.
LE MONDE  | Par Noémie Luciani


Hélène Nicolas dans le documentaire français de Julie Bertuccelli, « Dernières nouvelles du cosmos ».
Hélène Nicolas dans le documentaire français de Julie Bertuccelli, « Dernières nouvelles du cosmos ». PYRAMIDE DISTRIBUTION

Rien de plus bête – ou de plus humain –, en tout cas rien de plus tenace que ce réflexe consistant à classer en un coup d’œil une personne en fonction des promesses que son apparence nous semble faire ou non. Et rien de mieux qu’un beau film pour nous rappeler en douceur ces ­tristes banalités-là.
Lorsqu’on la découvre au début de Dernières nouvelles du cosmos, le nouveau documentaire de Julie Bertuccelli, Hélène ne semble pas avoir à offrir bien plus qu’une apparition incongrue – celle d’une jeune femme au regard lunaire marchant sous les arbres tout habillée, une grosse bouée en plas­tique autour de la taille –, faute de pouvoir communiquer à la ­caméra ce qui se cache derrière : Hélène a 30 ans, elle est autiste et ne parle pas. Elle rit souvent, et fait rire les autres avec elle ou les laisse au contraire interdits lorsque la signification de son rire reste obscure à tout autre qu’elle. Elle s’immobilise longtemps, puis bouge beaucoup, observe puis s’envole, l’œil au loin, dans une aventure intérieure à laquelle même sa mère, qui sait tant lire en elle en quelques gestes, n’est pas invitée.

La Haute Autorité de santé cherche à dynamiser le modèle français d'implication du patient

L'usager comme interlocuteur et même partenaire sur les questions de qualité et de sécurité des soins ? La HAS a déjà intégré cette expérience individuelle ou collective dans son travail d'évaluation, notamment dans la certification. Enquête à l'appui et sur la base de pratiques étrangères, elle cherche désormais à changer de paradigme.
Convaincue de l'apport du point de vue et de l'expérience des patients et des usagers du système de santé dans l'amélioration de la qualité des soins et l'évaluation des technologies de santé, la HAS a placé son colloque annuel, organisé ce 16 novembre à Paris, sur le thème de la dynamique patient. Sa présidente, Agnès Buzyn, a salué en introduction les acquis du pays et leur inscription dans la législation. Mais d'espérer désormais anticiper l'avenir en menant une réflexion scientifique prospective. Un mouvement est d'ores et déjà lancé à la HAS, qui se veut actrice du virage vers davantage de démocratie en santé, a-t-elle souligné. En effet, l'agence a intégré les usagers dans ses commissions, a développé l'indicateur de satisfaction du patient, évalue les parcours de patients traceurs dans la certification des établissements de santé et, il y a quelques jours, a lancé une expérimentation pour intégrer le point de vue des patients dans les évaluations des produits de santé (lire notre article). Néanmoins il faut maintenant "sortir du modèle actuel" français, selon Véronique Ghadi, chef de projet à la direction de l'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins à la HAS.

Le procureur de Nîmes requiert la prison pour des soignants accusés de frapper des patients

Le tribunal correctionnel de Nîmes (Gard) a accueilli ce 15 novembre le procès de personnels soignants du centre hospitalier spécialisé (CHS) Mas-Careiron à Uzès, accusés d'avoir frappé des patients atteints de troubles autistiques, entre le 1er janvier 2012 et le 13 mars 2014. Deux stagiaires au sein de l'établissement avaient alerté les autorités sur des violences envers les patients et, après une enquête menée par la gendarmerie, quatre membres du personnel avaient été poursuivis.

L'Unafam estime que le handicap psychique souffre d'une mauvaise intégration professionnelle

À l'occasion de la semaine pour l'emploi des personnes handicapées, l'Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) fait, par voie de communiqué, un point sur l'accès à l'emploi des personnes en situation de handicap psychique. "Il existe peu de données sur le handicap psychique, seules quelques études ponctuelles. On estime cependant que la population des personnes en situation de handicap psychique est sous-représentée parmi celle des travailleurs handicapés", annonce d'emblée l'union. Et d'énumérer quelques chiffres : les personnes handicapées psychiques représentent 13% des deux millions de personnes bénéficiant de l'obligation d'emploi ; une personne handicapée psychique sur cinq a un emploi et seulement 11% de cette population est en établissements et services d'aide par le travail (Esat) ou entreprise adaptée. Des résultats insatisfaisants, puisque selon l'union, "le travail a un intérêt thérapeutique, la santé se reconstruit au sein même de l'activité. Le travail permet à la personne en situation de handicap psychique de reprendre confiance, de retisser le lien social et de retrouver sa place de citoyen, il contribue à son rétablissement."

La Fegapei fait le pari d'un nouveau métier pour le parcours de vie des personnes handicapées


Lancée au printemps 2016, l'expérimentation de la Fegapei pour un parcours de vie adapté des personnes handicapées est partie d'un constat simple : le manque d'accompagnement des personnes et des familles pour qu'elles puissent enfin s'ériger en décideurs de leur parcours. Le point à sept mois.

"Informer, orienter, guider, faciliter la recherche de solution et l'accès au droit commun". Tel est l'objectif que s'est fixée la Fegapei en lançant au printemps dernier l'expérimentation d'un nouveau dispositif pour le parcours de vie des personnes handicapées. Aujourd’hui, sept sites pilotes sont supervisés par cinq associations sur sept départements de Nouvelle-Aquitaine, du Grand-Est et de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Tous travaillent à la mise en œuvre de solutions adaptées pour les usagers et leurs familles.

Quatre départements viennent d'être sélectionnés pour expérimenter le référent de parcours

Paris, le Bas-Rhin, l'Ariège et le Pas-de-Calais viennent d'être choisis pour expérimenter sur leurs territoires la mise en place d'un référent de parcours. L'information a été donnée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, à Hospimedia. Toutefois, même si les quatre ont été désignés, le top départ des expérimentations n'a pas encore été donné. Globalement, l'objectif de cette démarche est d'inventer un nouveau mode d'accompagnement social des personnes en difficulté.

Le nouvel eugénisme à l’école des parents

BooKs  16 novembre 2016

Une équipe de scientifiques chinois a utilisé la technologie Crispr-Cas9, pour la première fois, afin d’altérer les gènes d’un être humain, annonce la revue Nature. Son but : tenter de soigner un homme atteint d’un cancer des poumons en modifiant l’ADN de certaines de ses cellules immunitaires. C’est la dernière expérience en date associée à cette nouvelle technique, dont le Graal est la modification de l’ADN des enfants à naître, possibilité qui pose des questions éthiques majeures. L’une des découvreuses de la technologie, Jennifer Doudna, a d’ailleurs appelé la communauté scientifique à ne pas jouer les apprentis-sorciers.

LES INFIRMIÈRES SCOLAIRES DANS LA RUE

   16 novembre 2016

Ce jeudi 17 novembre, les infirmières scolaires manifesteront face au rectorat à partir de 13 heures. Le syndicat Snics-Fsu justifie cette initiative s'inscrivant dans un cadre national : "L'académie de La Réunion cherche à s'affranchir des textes notamment ceux concernant les bilans médicaux que la loi prévoit pour les enfants de six ans". Nous publions le communiqué syndical dans son intégralité ci-dessous. (Photo d'illustration)

Infirmier et expert judiciaire : une mission pour passionnés

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Ils sont environ une quinzaine d’infirmiers libéraux ou hospitaliers à remplir cette fonction en France. L’expertise judiciaire, ouverte aux paramédicaux depuis 2005, leur permet d’éclairer un magistrat avant qu’il ne prenne une décision de justice impliquant un infirmier 
©Pascal Vo (http://www.vophotos.fr)
©Pascal Vo. Véronique Le Boucher d’Hérouville, cadre de santé à l’hôpital des Diaconesses à Paris et experte judiciaire depuis 2008
Dossier à remplir auprès du greffe du TGI, lettre de motivation, justifier d’une carrière solide : un infirmier ne devient pas expert judiciaire d’un claquement de doigt «Une infirmière sortant tout juste de l’école ne peut pas faire cette demande », souligne Marylène Guingouain, directrice des soins à l’AP-HP et experte judiciaire depuis 2008.
Il faut disposer d’une forte expérience et d’une bonne connaissance de l’hôpital ou de la pratique professionnelle libérale pour postuler. « Il faut aussi avoir suivi une formation sur l’expertise judiciaire qui permet de connaître la procédure », explique l’infirmière titulaire d’un Diplôme universitaire Droit, expertise et soins.  
Et une fois nommé, ajoute Véronique Le Boucher d’Hérouville, cadre de santé à l’hôpital des Diaconesses à Paris et présidente de la Compagnie nationale des experts judiciaires professionnels de santé autres que médecins, « il faut se former au sein de la compagnie (lire encadré) pour pouvoir être renouvelé dans ses fonctionsLes magistrats sont très vigilants sur le fait que nous suivions nos formations et que nous nous maintenions à niveau. » Véronique Le Boucher d’Hérouville est experte judiciaire depuis 2008 et également titulaire du DU Droit, expertise et soins. 

Le management des pôles est en passe "d'exploser" avec l'émergence des parcours de santé

Occultés par la création des groupements hospitaliers de territoire (GHT), les pôles sont face à un tournant dans leur organisation. Lors des 9es rencontres du management des pôles de la FHF et de la MNH, certains prédisent une explosion du modèle tandis que d'autres perçoivent un prolongement de la logique.

mercredi 16 novembre 2016

FACEBOOK SAUVERA-T-IL LA PSYCHIATRIE ?

15 novembre 2016 | Johana Hallmann

Suivre ses patients via Facebook, c’est pour bientôt
Les réseaux sociaux peuvent être utiles pour détecter les signes avant-coureurs d'une pathologie psychiatrique. Et il faut que les psychiatres en tiennent compte. C’est ce que suggère un état des lieux publié dans le numéro de novembre du Lancet Psychiatry
Et si demain, la psychiatrie se résumait à l’analyse de données Facebook ? Ne rigolez pas trop. Une telle extrémité semble peu probable, mais selon un état des lieux publié ce mois-ci par le Lancet Psychiatry, les informations disponibles sur le plus grand réseau social permettent déjà d’ébaucher des prédictions sur la santé mentale des utilisateurs
Dans ce papier, les auteurs citent notamment une étude menée en 2010 sur 200 étudiants américains dont le profil Facebook était public. Sur ce panel, 25 % ont montré des signes semblables à ceux de la dépression, et 2,5 % ont montré un épisode dépressif sévère. L’utilisation de ces différentes informations n'est pas une première. Les données de Facebook ont ainsi déjà été analysées notamment pour évaluer le stress et étudier certains traits de personnalité.
L’équipe à l’origine de cette publication considère que l’utilisation des données pourrait améliorer directement la prise en charge du malade. Elle va d’ailleurs plus loin : il sera d’après eux très prochainement nécessaire que psychiatres et professionnels de santé tiennent compte de l’impact des réseaux sociaux dans leur pratique quotidienne.

Maladies psychiques : la photo pour sortir du cadre

15/11/2016




Douze usagers du Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel Louis-Pergaud (CHU de Tours) exposent les œuvres réalisées dans le cadre d'un atelier photo. - Douze usagers du Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel Louis-Pergaud (CHU de Tours) exposent les œuvres réalisées dans le cadre d'un atelier photo.
Douze usagers du Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel Louis-Pergaud (CHU de Tours) exposent les œuvres réalisées dans le cadre d'un atelier photo.
L’art comme support thérapeutique au Centre Louis-Pergaud : douze anciens patients de psychiatrie exposent un an d’exploration.
Quelques larmes déposées sur une toile, des silhouettes qui s'échappent, une rose qui éclôt. Les 45 photos exposées dans le hall de l'hôpital Bretonneau, à Tours, sont belles, émouvantes, parfois déroutantes, pour qui prend le temps de s'y plonger.
Pour ceux qui les ont créées, elles sont autant de fenêtres ouvertes sur la maladie psychique. « Quand je crée, je veux toujours sortir de la réalité. Pour moi, c'est une échappatoire »,explique Jean-Luc, l'un des douze participants à l'atelier photo du Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) Louis-Pergaud. Ce service de l'unité de psychiatrie A du CHRU de Tours intègre depuis des années des activités artistiques dans l'accompagnement de ces adultes « passés par la psychiatrie, stabilisés, mais encore fragiles ». A Tours, on a déjà croisé les œuvres de ses usagers au Printemps des poètes ou en résidence sonore à l'Octroi.
Pendant un an, douze photographes amateurs ont construit leur projet d'exposition comme un jalon dans leur parcours de soin. « C'est d'abord un moyen d'expression, explique Philippe Hénon, éducateur spécialisé. Ces photos deviennent aussi des supports pour déclencher des discussions avec l'entourage ou le thérapeute. Cet atelier a aussi été l'occasion d'un travail de groupe, ce qui est essentiel, car la maladie isole beaucoup. »

Les défenseurs des étrangers malades mettent en cause la politique restrictive du gouvernement français

15.11.2016
Une vingtaine d'associations ont dénoncé mardi les restrictions récemment posées à l'immigration pour raisons de santé. Le collectif qui rassemble notamment la Cimade, la Ligue des droits de l'Homme, Médecins du monde, ou le MRAP a appelé mardi le gouvernement à ne pas "faire primer les contrôles migratoires sur la santé publique" En cause, les dispositions nouvelles posées par le décret du 7 mars dernier, en application de la loi sur l'immigration.

“Les enfants volés d'Angleterre”, une saisissante enquête à suivre sur France 5

Les enfants volés d'Angleterre, le 15/11/2016 à 20h45 sur France 5
Les enfants volés d'Angleterre, le 15/11/2016 à 20h45 sur France 5
© Dream Way Productions
Diffusée en prime-time sur France 5 ce 15 novembre, cette enquête bouleversante met au jour une réalité britannique impensable : le retrait arbitraire d’enfants à leur parents pour répondre aux quotas d’adoption fixés par l’Etat. Edifiant.
Le documentaire s'ouvre sur une scène à peine croyable. Filmée sur un ferry en partance pour la Normandie, Bethany, 22 ans, enceinte, fuit l'Angleterre pour avoir une chance d'élever son premier enfant. Parce qu'elle a été fragilisée, six ans auparavant, par le suicide de sa sœur aînée, les services sociaux britanniques ont menacé de lui retirer son bébé à la naissance pour « probabilité de maltraitance » future. On se croirait dans un épisode de la glaçante série Black Mirror. Pourtant, Bethany est loin d'être un cas isolé. Les réalisateurs Stéphanie Thomas et Pierre Chassagnieux ont aussi suivi Colin et Claire, un jeune couple défavorisé qui perçoit l'aide sociale et affronte la maladie de Claire, épileptique. Lors d'une échographie, au cinquième mois de grossesse, elle est signalée par son médecin aux services sociaux, et reçoit leur conclusion quelques semaines plus tard. Le couple représenterait un risque de « maltraitance émotionnelle » et de « négligences » pour leur futur enfant… La caméra suit avec tact les six mois d'angoisse qui mèneront au verdict de la justice : leur bébé leur sera-t-il définitivement retiré et adopté ?
« Pendant nos deux années de travail préparatoire, nous nous sommes heurtés à l'incrédulité de nos proches et aux regards interdits des chaînes, qui pensaient que c'était impossible », commente Eric Colomer, producteur du documentaire. Tout découle du Children act, une loi adoptée en 1989 par Margaret Thatcher, qui donne la possibilité aux services sociaux de retirer leur(s) enfant(s) à des couples soupçonnés de maltraitance ou de maltraitance future. Ces décisions touchent aussi bien des familles établies, dont les enfants semblent présenter des signes de maltraitance psychologique, physique ou émotionnelle, que des couples en attente d'enfant, qui « risqueraient » d'être de mauvais parents car trop pauvres, trop malades, trop fragiles… Pour traiter de cette politique impensable, « il nous fallait un principe de narration qui rende les faits irréfutables, explique Eric Colomer. Nous avons choisi de suivre des hommes et des femmes qui n'ont jamais eu d'enfants, qui n'ont jamais pu être maltraitants, et qu'on décrète pourtant par avance incapables d'être parents. Beaucoup de nos interlocuteurs dans les chaînes souhaitaient que nous ne suivions que des familles à qui on enlevait des enfants en temps réel. Nous étions persuadés que cela ne permettait pas de documenter la réalité de la justice : sans recul, sans enquête, nous pouvions nous-mêmes avoir un doute, ne pas être sûrs qu'il y avait injustice. Il fallait donc aussi des histoires au passé, qui prouvent de manière incontestable l'innocence de parents à qui on a enlevé les enfants. »

Procès Fiona : «Le décès de ma fille nous a fait partir en vrille»

Par Julie Brafman, envoyée spéciale à Riom (Puy-de-Dôme) — 15 novembre 2016

La mère et le beau-père de la fillette, dont le corps n’a jamais été retrouvé, comparaissent devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme. Les deux premiers jours du procès ont permis d’en savoir plus sur l’histoire et la personnalité des accusés.


Les yeux perdus dans le vague, ils luttent contre leurs paupières trop lourdes. Dans le box vitré, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf semblent ailleurs, la tête dans un coaltar d’antidépresseurs, anxiolytiques ou substituts à la drogue. La jeune femme a énormément forci en prison - près du double de son poids initial, dira-t-elle - et s’abrite derrière un rideau de cheveux blonds peroxydés. Lui sort de trois ans à l’isolement et n’est pas sûr «de pouvoir [s]’exprimer correctement».
Sans échanger un regard, les amants d’hier devenus coaccusés se présentent d’une voix calme et un peu traînante aux jurés de la cour d’assises de Riom. «Parmi les cinq chefs d’accusation, en reconnaissez-vous certains ?» questionne d’emblée Dominique Brault, le président. «Oui», «ceux qui sont délictuels» récitent-ils. Mais «non», «pas les coups».Autrement dit, ni la mère ni le beau-père de Fiona, 5 ans, n’est prêt à endosser la responsabilité de sa mort. Certes, ils ont menti à la France entière, certes ils ont mis en scène l’enlèvement de la fillette dans un parc de Clermont-Ferrand en mai 2013. Pour autant, chacun nie avoir assené les coups qui auraient provoqué le décès au domicile familial. «On n’a pas voulu tout ça, c’est un accident», glisse Cécile Bourgeon. «Cécile n’est pas un assassin et moi non plus», déclare quant à lui Berkane Makhlouf. La cour dispose de dix jours pour percer le secret de ce tandem qui tantôt s’accable, tantôt se protège.
Pour l’heure, il n’est pas question des faits mais de curriculum vitae. Berkane Makhlouf, 35 ans, visage émacié, pull gris et chemise bleue, se lève le premier pour évoquer une «enfance difficile». Il a grandi entre «un père violent et alcoolique» décédé quand il avait 4 ans et une mère malade qui a élevé six enfants de trois conjoints différents. «Mon grand frère m’enfermait dans la cave, il me forçait à boire de la pisse, me frappait», confie l’accusé. En échec scolaire, il décroche en classe de troisième puis se lance dans un CAP de couvreur à Nevers (Nièvre). Dix mois plus tard, il abandonne. Cette fois, c’en est définitivement terminé des études.