Pendant deux ans, Julie Bertuccelli a filmé une jeune femme autiste et artiste, Hélène.
LE MONDE | | Par Noémie Luciani
Rien de plus bête – ou de plus humain –, en tout cas rien de plus tenace que ce réflexe consistant à classer en un coup d’œil une personne en fonction des promesses que son apparence nous semble faire ou non. Et rien de mieux qu’un beau film pour nous rappeler en douceur ces tristes banalités-là.
Lorsqu’on la découvre au début de Dernières nouvelles du cosmos, le nouveau documentaire de Julie Bertuccelli, Hélène ne semble pas avoir à offrir bien plus qu’une apparition incongrue – celle d’une jeune femme au regard lunaire marchant sous les arbres tout habillée, une grosse bouée en plastique autour de la taille –, faute de pouvoir communiquer à la caméra ce qui se cache derrière : Hélène a 30 ans, elle est autiste et ne parle pas. Elle rit souvent, et fait rire les autres avec elle ou les laisse au contraire interdits lorsque la signification de son rire reste obscure à tout autre qu’elle. Elle s’immobilise longtemps, puis bouge beaucoup, observe puis s’envole, l’œil au loin, dans une aventure intérieure à laquelle même sa mère, qui sait tant lire en elle en quelques gestes, n’est pas invitée.