La mort n’est plus tout à fait un sujet tabou sur internet. Les blogueurs et autres utilisateurs du web la questionnent fréquemment, notamment pour s’intéresser à l’euthanasie et au suicide assisté. Mais difficile d’échapper aux positions militantes : les blogs qui évoquent "l’accompagnement de la fin de vie", soit de manière ponctuelle et plus encore lorsqu’il s’agit de leur principal sujet, sont schématiquement animés par deux types d’auteurs. On y retrouve ou des militants très favorables à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté ou au contraire des proches des milieux "pro vie" qui fustigent toute idée d’interruption des traitements et plus encore de "sédation terminale". Dans ce cadre, sauf quand ils en sont eux-mêmes les auteurs, les médecins sont souvent "instrumentalisés" : considérés comme de potentiels gêneurs de mourir en rond par les premiers et érigés en symbole de la confiscation du droit de mourir comme on l’entend, ils sont pour les seconds des prétextes bien utiles pour s’opposer mordicus à toute possibilité d’entendre les éventuels souhaits des malades de quitter la vie.
Pas des monstres froids
Et puis, il y a ceux qui, bon an, mal an, rencontrent chaque jour ces patients. Ces patients qui vont mourir, dans un mois ou dans un an, comme aurait pu l’écrire Françoise Sagan. Ils ne sont plus les monstres froids incapables d’entendre les souhaits des malades et uniquement soucieux de protéger leur petit pouvoir, parfois décrits par les défenseurs de l’euthanasie. Ils ne sont pas non plus des serviteurs acharnés du progrès médical, qui préfèrent l’acharnement thérapeutique à tout renoncement. Ils sont des humains, des médecins, parfois quelque peu influencés par l’affection qu’ils portent à leurs patients et qui éprouvent, régulièrement, les limites des textes bien établis sous les coupoles.