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dimanche 5 juillet 2015

Serez-vous en vie dans 5 ans ? La réponse en quelques clics

09/06/2015


Le calcul de risque de mortalité est désormais intégré à la pratique courante.
Il s’agit le plus souvent d’échelles de calcul du risque de décès par maladie cardiovasculaire ou par cancer, ou encore de décès lié au tabagisme. Rarement les échelles prennent en compte à la fois plusieurs facteurs de risque et les décès toutes causes confondues.
C’est ce qui fait l’intérêt d’une étude suédoise, dont une partie des résultats a été récemment présentée dans le Lancet. L’étude a été réalisée à partir des données de près de 500 mille individus (54 % de femmes), âgés de 40 à 70 ans. Ces personnes ont accepté de se soumettre à une enquête de santé portant sur 655 items, incluant des informations démographiques, de santé, de style de vie, antécédents familiaux, des données d’examen clinique, examen cognitif, et un bilan sanguin. Pendant le suivi, de 5 ans en moyenne, 8 532 personnes sont décédées (39 % de femmes). Les causes principales de décès sont le cancer du poumon pour les hommes et le cancer du sein pour les femmes.
Parce que l’interrogatoire plus fort que l’examen clinique


Ce travail fournit des informations intéressantes sur les interactions entre les facteurs de risque au niveau d’une population. Il offre « en bonus », une échelle de calcul de risque individuel qui attisera sans doute les curiosités. La lecture des résultats met en relief quelques idées-forces. La première est que les mesures obtenues par l’interrogatoire auxquels ont été soumis les participants seraient de meilleurs marqueurs prédictifs de mortalité à 5 ans que les données de l’examen clinique ou les résultats biologiques, pour les personnes de cette tranche d’âge. Ainsi, pour les hommes, le marqueur prédictif le plus fiable est l’auto-estimation de sa santé et pour les femmes, un antécédent de diagnostic de cancer. Pour les deux sexes, la vitesse de marche est un facteur prédictif significatif de la mortalité à 5 ans : un homme âgé de 40-52 ans qui déclare marcher lentement a près de 4 fois plus de risque de décès qu’un homme du même âge qui marche à un rythme soutenu.
Une deuxième remarque concerne l’inégalité hommes-femmes. Plusieurs facteurs de risque n’ont pas la même influence sur la mortalité chez les hommes et chez les femmes. C’est le cas du tabagisme par exemple, qui est un facteur prédictif de mortalité de cause cardiovasculaire ou respiratoire, plus fort chez les femmes que chez les hommes. C’est le cas aussi d’antécédents de blessures dans les deux ans précédant l’inclusion, facteur prédictif de décès chez l’homme plus que chez la femme.

Un site internet spécialement créé pour le calcul du risque individuel de mortalité

Les auteurs ont réalisé une analyse en retirant les personnes qui présentaient une pathologie grave à l’inclusion dans l’étude (indice de co-morbidités de Charlson > 0). Il s’avère alors, et c’est la troisième idée-force issue de cette enquête, que pour les personnes en bonne santé, le facteur principal de risque de mortalité à 5 ans est le tabagisme actif.
S ‘appuyant sur ces conclusions, les auteurs ont élaboré un score de pronostic, constitué de 13 items pour les hommes et 11 pour les femmes, dont les performances seraient supérieures à celles du score de Charlson. Un site internet a été spécialement créé, sur lequel sont détaillées les interactions entre les différents facteurs de risque et où tout un chacun peut, s’il le souhaite, calculer son risque de mortalité à 5 ans (http://ubble.co.uk/).
Dr Roseline Péluchon


RÉFÉRENCE
Ganna A et coll. : 5 year mortality predictors in 498 103 UK Biobank participants: a prospective population-based study. Lancet, 2015; publication avancée en ligne le 3 juin. doi.org/10.1016/S0140-6736(15)60175-1.

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