Amandine Schmitt
"Le Suicidé" d'Edouard Manet (détail)
(Domaine public / Collection E.G. Bührle)
Le philosophe britannique Simon Critchley tente de comprendre le sens du suicide à travers des lettres de disparus.
« Le suicide est la seule question philosophique vraiment sérieuse.» C'est par cette déclaration qu'Albert Camus entame «le Mythe de Sisyphe». Simon Critchley le prend au mot, en s'interrogeant sur l'acte de s’ôter la vie dans le court et stimulant «Lettres de suicide», qui inaugure ces jours-ci la collection d’essais philosophiques de la collection «Voix libres» chez Max Milo.
« Qu'il me soit permis de dire dès le début, au risque de décevoir le lecteur, que je n'ai aucun projet de me tuer», écrit dès la première page ce philosophe britannique habitué aux sujets pop, de l'humour à David Bowie en passant par la politique dans «Hamlet», autre figure tourmentée. Un avertissement étrange, puisque Critchley, qui explique que sa vie vient de se dissoudre «comme du sucre dans un thé brûlant», se retrouve justement confronté à des pensées suicidaires. Retiré sur une ville côtière de l'East Anglia, scrutant la mer du Nord, il présente son texte «comme une tentative pour prendre le dessus».