par LIBERATION et AFP
publié le 25 mai 2023
Près d’un tiers des moins de 18 ans consultent chaque mois au moins un site pornographique, une pratique qui augmente depuis plusieurs années avec l’utilisation du smartphone, révèle jeudi une étude de Médiamétrie commandée par l’Arcom.
2,3 millions de mineurs (30 %) sont ainsi exposés à des images pornographiques pendant plus de 50 minutes en moyenne chaque mois, une proportion à peine plus faible que chez les adultes qui sont 37 % à consommer ces contenus, selon l’étude réalisée en France en 2022 auprès de 25 000 panélistes.
Surtout, ils sont 600 000 mineurs de plus depuis l’automne 2017, lorsque la mesure a commencé à être réalisée sur trois écrans (ordinateur, smartphone, tablette numérique). De fait, les trois quarts des moins de 18 ans utilisent exclusivement leur téléphone pour ces consultations, contre 55 % des majeurs.
Pour l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), chargée par la loi de protéger les mineurs face à ces images, «on est vraiment sur une consultation de masse des sites pornographiques par les mineurs, […] qui se fait essentiellement sur les smartphones, c’est-à-dire hors du regard parental».
«Ces mineurs sont encore plus jeunes que ce qu’on pensait. On a 51 % des garçons de 12-13 ans qui regardent des sites pornographiques chaque mois, et quand même 21 % des garçons de 10-11 ans», alerte auprès de l’AFP Laurence Pécaut-Rivolier, présidente du groupe de travail de l’Arcom sur la protection des publics.
La fréquentation des adolescentes est très inférieure : non représentative jusqu’à 11 ans, 31 % à 12-13 ans et cette proportion diminue jusqu’à la majorité, tandis qu’elle augmente chez les garçons, note l’étude.
Parmi les 179 sites étudiés, la plateforme gratuite Pornhubappartenant au géant mondial du porno Mindgeek se distingue, en étant consultée par 18 % des mineurs (1,4 million, +900 000 en cinq ans). Son audience est ainsi constituée à hauteur de 17 % de mineurs, contre 12 % pour la moyenne des autres sites du genre.
«Probablement y a-t-il un certain nombre d’éléments incitatifs (sur ce site, ndlr), comme la place sur les moteurs de recherche», analyse Laurence Pécaut-Rivolier.
Saisie par des associations sur le fondement de la loi sur les violences conjugales de juillet 2020, l’Arcom a mis en demeure 15 sites pour qu’ils instaurent un véritable contrôle d’âge de leurs visiteurs et a saisi la justice pour demander le blocage de sept d’entre eux, dont Pornhub. Une décision du tribunal judiciaire de Paris est attendue le 7 juillet.
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