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dimanche 17 janvier 2021

Des distributeurs gratuits de protections périodiques bientôt installés dans tous les lycées franciliens

Par Marlène Thomas, Avec AFP — 15 janvier 2021

Illustration protection hygiènique.

Illustration protection hygiènique.Photo Getty Images

Il s'agit de la première région de France à mettre en place ce dispositif, parti d'une expérimentation dans une trentaine d'établissements en septembre. Visant à lutter contre la précarité menstruelle, il a vocation à devenir pérenne.

Un pas de plus dans la lutte contre la précarité menstruelle. Si la France court loin derrière les Ecossais, qui ont voté l’accès gratuit et universel aux protections périodiques en novembre, la région Ile-de-France compte bien se démarquer. Elle sera la première région du pays à installer des distributeurs gratuits de protections périodiques bios dans tous les lycées publics, soit 465 établissements scolaires pour un coût d’un million d’euros pour la première année. L’installation de ces distributeurs, fournis par la société française Marguerite & Cie, est prévue au printemps. Contactée par Libération, la région précise : «C’est un dispositif que nous voulons pérenne. Ils ne seront cependant pas tous installés le même jour.»

 

Une expérimentation avait été menée dès septembre dans 31 lycées franciliens. «On a eu de très bons retours. Il y avait un vrai besoin. Un besoin encore plus prégnant dans certains lycées et filières accueillant jusqu’à 93% de filles», nous indique la région. Selon une enquête Ifop de 2017, 1,7 million de femmes n’auraient pas les moyens d’acheter des protections périodiques. Quelque 130 000 jeunes filles rateraient régulièrement les cours faute d’avoir pu se procurer des protections hygiéniques, selon une enquête menée par la marque Always en 2018

«Un réel besoin»

Le sujet de la précarité menstruelle, de plus en présent dans la société, n’est pas encore une évidence pour tout le monde. Quand on lui a proposé de participer à cette expérimentation, Christophe Boutet, proviseur du lycée professionnel Charles-Baudelaire de Meaux (Seine-et-Marne), confesse à l’AFP s’être «d’abord demandé quel était l’intérêt de ce truc-là». Face au distributeur «dévalisé», il a «fait le constat d’un réel besoin» dans cet établissement «où beaucoup de familles sont en grande précarité financière». «C’est la preuve que c’est un sujet qu’on méconnaît».

L’infirmière scolaire Donia Mahouchi, très proche de ses élèves, est également restée coite devant l’ampleur du besoin. «J’ai toujours distribué des tampons et des serviettes, qui nous sont offerts par une marque, j’étais donc un peu perplexe quant à l’utilité du distributeur»,témoigne-t-elle à l’AFP. Alors qu’elle «dépannait» 4 à 5 filles chaque jour, ce sont désormais près de 100 serviettes qui sont retirées chaque semaine, via la machine. «Aucune ne m’a jamais dit être dans la galère pour acheter des protections, peut-être par honte… La précarité menstruelle, je ne l’avais pas vue», souffle-t-elle.

Des initiatives locales

A la traîne sur ce sujet, l’Hexagone avait été bousculé en mars 2019 par la campagne #StopPrécaritéMenstruelle lancée par la newsletter féministe pour ados «les Petites Glo». En parallèle, la mairie du Xarrondissement avait annoncé la mise à disposition de protections gratuites dans ces collèges. Depuis, d’autres arrondissements se sont aussi engagés dans cette voie comme les IIe, Ve, et XIVe. Côté universités, Lille organise des distributions gratuites, Rennes II a également installé des distributeurs tout comme la Sorbonne et les résidences Crous de Bretagne. Dès le mois prochain, des distributeurs seront également mis en place à l’université de La Rochelle grâce à l’initiative de deux étudiantes.

Contactée par Libération, la militante et fondatrice des Glorieuses Rebecca Amsellem se réjouit : «Je trouve ça très bien si ça a vocation à devenir pérenne.» Elle regrette toutefois que ces avancées restent cantonnées «au niveau local même si ce local a tendance à grossir de plus en plus». Elle poursuit : «Ça va dans le bon sens mais les personnes au niveau local, notamment les étudiantes dans les universités et les collectivités territoriales, pallient le manque d’engagement du gouvernement au niveau national.» Interpellé directement par «les Petites Glo», le ministère de l’Education nationale n’avait pas réagi. «Si le ministère s’en était chargé, ça serait fait depuis longtemps partout dans les collèges et lycées. Je ne crois pas avoir déjà entendu Jean-Michel Blanquer prononcer une fois le mot règles», souligne-t-elle. Un sujet bientôt remis sur le tapis ? Le ministre de la Santé, Olivier Véran, et la ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes, Elisabeth Moreno, ont annoncé mi-décembre le déblocage de 4 millions d’euros supplémentaires dès 2021, portant à 5 millions d’euros le budget total consacré à la lutte contre la précarité menstruelle.


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