Nathalie Barrès 19 janv. 2021
Le 6e rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) pour la période 2013-2015 élaboré par l’Inserm et Santé publique France révèle que les maladies cardiovasculaires et les suicides constituent la première et seconde cause de mortalité maternelle. Le comité d’experts en charge de ce dossier a cherché à mettre en évidence les facteurs qui par une meilleure prise en charge pourraient permettre d’éviter ces décès.
Pour passer du constat au changement, ce comité a formulé 30 messages repris ici.
Messages généraux
- La déclaration et la revue des morts maternelles sont des critères reconnus de bonnes pratiques cliniques.
- Les examens post‑mortem devraient être systématiquement envisagés en cas de mort maternelle sans cause évidente.
- L’évaluation des risques avant la conception et en début de grossesse permet une prévention primaire et secondaire individualisées.
- L’examen médical de la femme enceinte doit savoir sortir de la sphère obstétricale (en particulier dépistage d’une vulnérabilité psychosociale, auscultation cardiaque, examen mammaire).
- En cas de complication aiguë maternelle non obstétricale, la patiente doit être d’emblée orientée non pas vers la maternité, mais vers un centre qui dispose des ressources nécessaires à sa prise en charge spécifique (par exemple AVC, dissection aortique).
- Les examens radiologiques avec injection de produits de contraste ne sont pas contre‑indiqués chez la femme enceinte, quel que soit le terme.
Maladies cardiovasculaires
- Une dyspnée récente, s’aggravant, en particulier en fin de grossesse et en post‑partum, n’est pas banale et doit faire évoquer une complication cardiaque.
- Devant une douleur thoracique chez la femme enceinte, la dissection aortique doit être envisagée avec le même degré d’urgence que l’infarctus du myocarde ou l’embolie pulmonaire, même en l’absence de maladie du tissu conjonctif connue.
Santé mentale maternelle
- L’interrogatoire de la femme enceinte sur sa santé mentale actuelle doit être renouvelé régulièrement tout au long du suivi prénatal et en post‑partum.
- Le recours au psychologue et/ou au psychiatre doit être systématique en cas de repérage de symptômes d’alerte, surtout s’il y a une modification brutale et/ou durable de l’état mental de la femme : variations thymiques, troubles du sommeil, anxiété, crises d’angoisse, verbalisation d’idées noires ou d’autodépréciation, modification brutale du contact.
- En cas de troubles psychiatriques connus ou découverts au cours de la grossesse, une collaboration multidisciplinaire doit être mise en place le plus tôt possible pour : adapter le traitement avant la grossesse le cas échéant, suivre son respect et l’adapter au cours de la grossesse, si besoin ; évaluer la capacité de la mère à investir et s’occuper de l’enfant pendant la grossesse et dans le post‑partum; informer la patiente et son entourage que la période du post‑partum est une période à risque de complication psychiatrique et qu’il ne faut pas hésiter à consulter.
- En cas de pathologie psychiatrique connue, il est indispensable d’élaborer un parcours de soins spécifique coordonné entre la maternité, le psychiatre référent et le médecin traitant, et de le tracer.
- La sortie de suites de couches doit être retardée en cas de doute sur un trouble anxieux ou dépressif.
- Un suivi à domicile organisé peut alors sécuriser cette sortie (PRADO, HAD, sage‑femme libérale, PMI, rendez‑vous avec les professionnels de santé mentale). Le lien avec le médecin traitant doit être assuré et tracé dans le dossier.
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