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jeudi 14 novembre 2019

Paroles de soignants en psychiatrie : "Faute de moyens, on pousse des patients vers la sortie"

par Ouafia Kheniche publié le 14 novembre 2019

Ce jeudi, les personnels soignants manifestent dans toute la France en faveur d'un "plan d'urgence pour l'hôpital public". Pour rendre compte de leurs revendications, nous avons donné la parole à des médecins et infirmiers de l’hôpital psychiatrique Roger Prévot, en région parisienne. Témoignages.
Baptiste, Djamel, Zoé, Sandra, Sarah et Mathieu sont soignants à l'hôpital Roger-Prévot dans les Hauts-de-Seine.
Baptiste, Djamel, Zoé, Sandra, Sarah et Mathieu sont soignants à l'hôpital Roger-Prévot dans les Hauts-de-Seine. © Radio France / Ouafia Kheniche / Xavier Demagny
Ils parlent très peu d'eux-mêmes, ils se préoccupent d'abord de leurs patients et de leurs collègues. Les soignants de l’hôpital Roger Prévot (Moisselles, Val-d'Oise) que nous avons pu rencontrer sont infirmiers, psychologue et psychiatres. En ce jour de mobilisations des personnels soignants pour l'hôpital public, ils ont accepté de nous décrire leurs conditions de travail. Ils nous expliquent comment au fil des ans, leurs professions ont changé, comment cela les affecte et, surtout, comment cela affecte leurs collègues et leurs patients. Malgré le manque de moyens, cette équipe semble soudée face aux difficultés. 

Sarah, psychiatre, 35 ans : "Aujourd'hui, on pousse des patients vers la sortie sans être sûr à 100%"

Sarah, psychiatre, 35 ans : "Aujourd'hui, on pousse des patients vers la sortie sans être sûr à 100%"
Sarah, psychiatre, 35 ans : "Aujourd'hui, on pousse des patients vers la sortie sans être sûr à 100%" © Radio France / Ouafia
Sur le manque d'effectifs : "C’est incroyable mais depuis 10 jours, l’hôpital n’a plus de lit disponible. Je dois donc faire sortir des patients plus vite sans être sûre à 100% qu'ils sont stabilisés. Je prends ce risque-là parce que je dois libérer des lits. On doit effectuer ces sorties mais on n’a plus les moyens d’accompagner les patients pour créer des liens avec l’extérieur.
Dans certains cas, le manque d’effectifs a des effets pervers dans l'autre sens. Alors qu’on a besoin de lits, on doit garder certains malades. Je vous donne l’exemple de ce patient schizophrène amené par la police. Il arrive à l’hôpital, on le stabilise, les soignants s’occupent de lui. Progressivement, on veut l’aider à retourner chez lui mais pour faire cet accompagnement, il faut que l’un d’entre nous puisse aller à son domicile, effectuer certaines démarches avec lui à l’extérieur. Comme nous ne sommes pas assez nombreux, il reste enfermé…


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