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jeudi 14 novembre 2019

« Épuisés, démunis, à bout de forces » : alerte rouge sur la psychiatrie en Rhône-Alpes

PUBLIÉ LE 14/11/2019


Crédit photo : S. Toubon
Les soignants de psychiatrie de Rhône-Alpes sont en grève ce jeudi 14 novembre pour dénoncer le manque de moyens et d’effectifs qui mettent en danger, selon eux, la santé des patients et épuisent les équipes.
Au centre médico-psychologique (CMP) de Rillieux-la-Pape, près de Lyon, il n’y a plus de médecin depuis quinze jours. Au Vinatier, le deuxième plus gros établissement psychiatrique de France, les services manquent cruellement d’effectifs.
Avec 160 suppressions de postes en 3 ans, principalement non médicaux (aides-soignants, infirmiers, ASH, secrétaires), la situation devient intenable, explique Mathieu Berquand-Merle, infirmier à l’hôpital psychiatrique du Vinatier et élu CGT. « Ces suppressions commencent vraiment à se ressentir, cela crée des difficultés au quotidien, explique l'infirmier. Les équipes sont constamment réduites à deux infirmières et un ou une aide-soignant(e) pour 25 patients, ce qui est en temps normal notre effectif minimum et qui devient notre quotidien. Et à la moindre absence, la direction fait appel à des intérimaires, qui ne connaissent pas les patients ni l’unité. »

Moindre attractivité du public
Au Vinatier toujours, les services subissent aussi la pénurie de médecins. Il manque deux postes de psychiatres titulaires dans les services Bonnafé et Lasègue, des unités de 24 lits avec une chambre d’isolement. « Nous ne trouvons pas de médecins du fait de la rareté des psychiatres sur le marché de travail et d’une attractivité moindre du service public, analyse le Dr Natalie Giloux, cheffe du service Lasègue au Vinatier. Pour ceux qui restent, cela se traduit par deux fois plus de travail, deux fois plus de fatigue. Nous voyons moins les patients, nous espaçons les rendez-vous et les équipes sont à bout. »
D’autres établissements sont touchés. A Vaulx-en-Velin, il ne reste plus que 0,4 équivalent temps plein (ETP) médical, soit un praticien présent à 40 % et 1,8 ETP infirmier. Quelque 500 patients ont été renvoyés vers les médecins traitants de Vaulx-en-Velin – où la psychiatrie libérale fait cruellement défaut. Au CMP adulte, il y a eu 13 départs en un an. 

Photo A.-G. M.
Manque de psychiatres libéraux
À Rillieux, les soignants épuisés ont adressé une lettre ouverte pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Le CMP des Mercières a perdu son médecin début novembre, non remplacé à ce jour. « Nous couvrons un secteur très large, comprenant un secteur très populaire avec une zone à urbaniser en priorité (ZUP). Un seul psychiatre libéral est installé dans la ville », résume une infirmière du CMP, qui souhaite conserver l’anonymat. « Nous avons une mission de service public que nous ne parvenons plus à remplir », ajoute-t-elle. Sur une file active de 264 patients, 164 ont été relayés à des médecins traitants, non formés en psychiatrie. « Notre problème, c’est que les psychiatres ne restent pas : ils considèrent qu’ils ont trop de patients », poursuit son confrère infirmier dans le même CMP.
« Épuisés et démunis », les soignants du Vinatier et le collectif inter-hôpitaux devaient mener une action ce jeudi devant la préfecture et devant l’agence régionale de santé (ARS). Interrogée par « le Quotidien », l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes n’a pas souhaité s’exprimer.
De notre correspondante Anne-Gaëlle Moulun

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