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Le procès retentissant autour des suicides à France Télécom met en lumière un sujet "tabou" dans le monde professionnel, qui n'épargne aucun secteur, des entreprises aux hôpitaux en passant par l'éducation et la police, selon un colloque organisé sur le sujet le 22 mai par le cabinet Technologia. Tout en restant difficile à quantifier. "Il n'y a pas de chiffrage global du suicide en milieu professionnel", relève l'organisateur du colloque Jean-Claude Delgenes, président du cabinet Technologia, qui a expertisé 134 "crises suicidaires" depuis 1997, dont celle de France Télécom.
“Stratégie du défaussement”
Jean-Claude Delgenes évoque une "conspiration du silence" qui rencontre parfois la souffrance des familles, peu désireuses d'exposer leur douleur sur la place publique. Les organisations cherchent généralement des causes personnelles au suicide d'un travailleur, une "stratégie du défaussement" dangereuse qui nie les raisons profondes: "incertitude dans l'emploi, épuisement professionnel, pratiques de management délétères, harcèlement, mobilité forcée qui met en échec le salarié".
Généralement, la "fragilité" du travailleur est mise en avant "pour dédouaner l'organisation" relèvent les intervenants. La loi retient une "présomption d'imputabilité" lorsque le suicide se déroule sur le lieu de travail, pendant les horaires de travail. Il est alors déclaré en accident du travail et indemnisé par l'Assurance maladie. A défaut, la preuve que le suicide est survenu du fait du travail doit être apportée par la famille, a précisé l'avocate Françoise Maréchal.
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