| 06.11.2018
Les quatre grandes fédérations hospitalières (FHF, FHP, FEHAP, UNICANCER) ont décidé de hausser ensemble le ton pour alerter le gouvernement sur la dégradation des conditions d'activités de soins dans leurs établissements, dont les compteurs virent au rouge vif.
Ce mardi, lors d'une conférence de presse commune – une première –, les présidents des quatre fédérations ont décrit par le menu la situation financière dégradée du secteur sanitaire et médico-social. L'hôpital public devrait enregistrer à la fin de l'année un déficit compris « entre 1,1 et 1,3 milliard d'euros », a déploré Frédéric Valletoux, patron de la Fédération hospitalière de France.
Côté cliniques (Fédération de l'hospitalisation privée), ce sont 145 établissements de médecine, chirurgie et obstétrique qui sont dans le rouge (soit 30 % du parc) à hauteur de 150 millions d'euros (cumulé) en 2018, a déploré le président Lamine Gharbi. Cinq cliniques ont mis la clé sous la porte cet été en Ardèche, en Saône-et-Loire, dans l'Orne, à Marseille et à Nice.
Dans une moindre mesure, les 700 cliniques privées à but non lucratif de la FEHAP affichent un déficit cumulé de 70 millions d'euros en 2017. Et si les 18 centres de lutte contre le cancer français étaient à l'équilibre en 2017, la balance commence à pencher du mauvais côté. UNICANCER s'attend à un déficit de 10 à 15 millions d'euros cumulés dans un tiers de ses centres.
Augmenter les tarifs de 1 %
Cette situation financière « critique » et « inédite » a poussé les quatre grands acteurs sanitaires à pousser ce « cri d'alarme » unitaire qu'ils espèrent entendu jusqu'à Matignon et à l'Élysée, à qui ils ont réclamé un rendez-vous collectif.
Ces difficultés budgétaires vont de pair avec un sentiment d'incompréhension sur les moyens octroyés aux établissements pour mettre en œuvre le plan santé du gouvernement – sur lequel les fédérations sont pourtant globalement d'accord. Après un effort d'économies conséquent de 960 millions d'euros en 2018, la mise à contribution du secteur pour 2019 ne passe pas.
Les fédérations réclament six mesures immédiates. Pour retrouver l'équilibre budgétaire, elles souhaitent le dégel complet de la réserve prudentielle de 415 millions d'euros mise en réserve au début de l'année. Surtout, les hospitaliers ne veulent plus qu'une partie de ces crédits soient transférés... à la ville pour éponger les « dérapages » sur les dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) des médecins libéraux.
Dans ce contexte, les fédérations pèsent de tout leur poids (notamment au Parlement) pour que le gouvernement se décide à mettre en place un système de régulation financière puissant de la médecine de ville. Ce que commence à envisager Agnès Buzyn, à l'écoute aussi de la Cour des Comptes.
Pour davantage de lisibilité budgétaire, ils exigent que les objectifs de dépenses fassent l'objet d'une programmation « pluriannuelle ». Ce qu'Emmanuel Macron en campagne s'était engagé à faire avec un ONDAM à 2,3 % sur le quinquennat.
En anticipation de la campagne tarifaire 2019 attendue au 1er mars, les hospitaliers demandent aussi une « augmentation minimum des tarifs de 1 % », ce qui leur permettrait de « maintenir » leur budget respectif. En 2018, les baisses tarifaires étaient de 0,9 % pour les cliniques, 1,2 % pour l'hôpital et 1,7 % pour le privé à but non lucratif.
Remise à plat de la réforme des transports
Les fédérations veulent enfin que le gouvernement remette totalement à plat la réforme de la tarification des transports inter-établissements, qui déplaît à tous : ambulanciers, médecins et structures sanitaires.
Et pour éviter les mauvaises surprises, les établissements veulent être associés au groupe de travail sur la mise en place d'une tarification à la pertinence, dans le cadre du chantier sur la réforme des modes de rémunération, de financement et de régulation, piloté par Jean-Marc Aubert, directeur de la DREES.
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