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mercredi 22 novembre 2017

Les arrêts maladie à l'hôpital ou en cliniques tiennent avant tout aux conditions de travail


Les différents métiers hospitaliers présentent des conditions de travail très hétérogènes, qui expliquent les variations de durée des arrêts maladie au sein des établissements de santé, publics et privés. La Drees revient sur plusieurs critères d'ores et déjà observés : fonctions professionnelles, âge, sexe, rémunération ou indemnisation.

Ce sont les conditions de travail qui ont le plus d'impact sur le recours aux arrêts maladie, et les établissements de santé sont l'un des secteurs où on en compte le plus, "avec 10 jours d'absence déclarés pour maladie par an en moyenne, contre 7,9 dans l'ensemble des secteurs", d'après une nouvelle étude* de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) sur les éléments influençant le recours aux arrêts maladie (n° 1038, novembre 2017). Les résultats (à télécharger ci-dessous) montrent que le statut des établissements de santé, l'indemnisation des jours d'arrêt ou le sexe des professionnels n'ont que peu d'incidence sur la durée de l'arrêt. "Les pénibilités auxquelles les personnels hospitaliers sont confrontés sembleraient jouer un rôle important dans leur recours aux arrêts de travail."

Des recours en fonction de la profession

Basées sur l'enquête Conditions de travail 2012-2013 effectuée sur un échantillon comprenant 4 189 salariés exerçant dans le secteur hospitalier, dont 2 779 dans des hôpitaux publics et 1 410 dans des établissements privés à but lucratif ou non lucratif, les observations de la Drees amènent au constat que certaines professions sont plus exposées à un état de santé dégradé. Ces différences sont dues "à des contraintes physiques (exposition à des produits dangereux, charge de travail élevée, etc.), psycho-sociales (tensions avec le public, confrontation à la souffrance des patients, etc.), du travail de nuit et des horaires décalés". Ainsi, les agents d'entretien sont les professionnels ayant le plus recours aux arrêts maladie, avec les aides-soignants, les infirmiers et les sages-femmes, alors que les médecins, professions paramédicales et administratives sont les moins absents pour raisons médicales.

Le nombre moyen de jours d'absence pour maladie varie principalement selon les conditions de travail.
Le nombre moyen de jours d'absence pour maladie varie principalement selon les conditions de travail.

































L'âge n'a que très peu d'incidence, alors que l'on remarque des différences notables entre hommes et femmes. Toutefois, ces écarts ne se vérifient que lors de la période de la grossesse, catégorisée comme maladie dans la classification de la sécurité sociale : "des travaux récents ont montré que les grossesses expliquent près de 40% des écarts de recours aux arrêts maladie entre les femmes et les hommes âgés de 21 à 45 ans". Au-delà de 45 ans, le fait d'être une femme n'augmente pas la durée annuelle des arrêts maladie. Seules les grossesses expliqueraient donc les écarts d'absentéisme entre hommes et femmes, et non la "double charge professionnelle et domestique" ni les "comportements de santé plus préventifs".



Le salaire ou les différences d'indemnisation, de valeurs, de protection de l'emploi entre secteurs privé et public n'ont pas ou peu d'effet sur le recours aux arrêts maladie. Des délais de carence différents sont observés selon les personnels, "une journée pour l'ensemble de la fonction publique, instaurée à partir du 1er janvier 2012 et supprimée par la loi de finances pour 2014*, aucun délai de carence pour les salariés cadres du privé à but lucratif, et le délai de carence de l’assurance maladie de trois jours pour les non-cadres du privé à but lucratif et les salariés du privé à but non lucratif". Pourtant, l'étude montre que ces variations ne sont pas déterminantes dans l'absentéisme dû à la maladie.

Des conditions de travail inégales


Dans l'enquête socle de l'observation, neuf dimensions de conditions de travail ont été relevées : intensité, exigences émotionnelles, manque d'autonomie, rapports sociaux, conflits de valeurs, insécurité, manque de reconnaissance, contraintes physiques, contraintes horaires. "Le salaire n'a, lui, pas d'effet sur les arrêts maladie", précise la publication. Chaque catégorie professionnelle interrogée a évalué ses conditions de travail, classant ainsi la pénibilité de chacune selon ces indices.
La profession exercée dans le secteur hospitalier détermine les conditions de travail.
La profession exercée dans le secteur hospitalier détermine les conditions de travail.





































Les médecins et assimilés sont ceux dont la qualité des conditions de travail semble être la meilleure, tout comme les professions paramédicales et administratives, alors que les agents d'entretien, aides-soignants, infirmiers et sages-femmes seraient soumis aux conditions les plus difficiles. Ces résultats, mis en parallèle avec le nombre de jours d'absence, montrent que les conditions de travail des professions et les actes qu'elles impliquent sont déterminants dans la prise d'arrêts maladie : "les écarts entre familles professionnelles deviennent non significatifs, signe que les différences de conditions de travail entre ces métiers suffisent à expliquer ces différences de recours aux arrêts maladie". L'étude note enfin que ce sont "les contraintes physiques qui expliquent le plus l'hétérogénéité des arrêts de travail. Dans le détail, les modalités rester longtemps debout et effectuer des mouvements douloureux ou fatigants sont celles pour lesquelles les différences entre familles professionnelles sont les plus élevées". Suivent les exigences émotionnelles et psychosociales conséquentes au contact avec les patients en détresse ou dangereux, qui augmentent le recours aux arrêts maladie.

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Le nombre moyen de jours d'absence pour maladie varie principalement selon les conditions de travail.
Charles Deyrieux
* Le projet de loi de finances pour 2018 réintroduit un jour de carence dans la fonction publique à compter du 1er janvier prochain.

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