À propos d’un exemple de situation clinique, The Australian & New Zealand Journal of Psychiatry évoque un sujet encore controversé dans la littérature psychiatrique et juridique internationale, le fameux syndrome d’aliénation parentale, décrit en 1985 par le psychiatre américain Richard Gardner (1931–2003). Précisons que le doute sur l’existence effective de ce syndrome tient moins à la réalité peu contestable des situations évoquées (les manœuvres d’un parent –comparables à celles observées dans les sectes– pour influencer la pensée d’un enfant ou adolescent tiraillé dans un conflit de loyauté entre ses parents séparés, et l’inciter à accuser faussement l’autre parent de maltraitance ou d’abus sexuel) qu’au contexte historique où ce syndrome fut proposé.
D’une part, Richard Gardner ne publia pas au sein de l’APA (American Psychiatric Association, éditrice du DSM qui règne en maître sur les conceptions actuelles de la nosographie “officielle”), mais dans sa propre maison d’édition, Creative Therapeutics, Inc.) : ce conflit éditorial aurait pu nuire à l’objectivité requise pour la reconnaissance d’un nouveau diagnostic. D’autre part, cette acceptation a souffert certainement des conceptions peu orthodoxes de cet auteur sur la pédophilie : il désapprouvait certes ce comportement, mais il le considérait comme une paraphilie susceptible de susciter “des pulsions sexuelles précoces chez l’enfant”, ce qui aurait pu correspondre à un phénomène “valorisé” par l’évolution, à une époque reculée où la faible taille de l’humanité risquait de compromettre la survie de l'espèce humaine.
Dans ces conditions litigieuses, les avocats spécialisés préfèrent parler du “phénomène d’aliénation parentale” que d’un “syndrome”, faute d’intégration officielle dans le DSM. Quoi qu’il en soit, les auteurs de cette publication notent que, malgré une “dissection de la plupart des exemples dans le domaine juridique”, on possède encore “peu de documentation sur les séquelles psychologiques des fausses allégations d’abus sexuels sur les enfants.” Il faudrait donc, en dépassionnant le débat (ce qui semble très difficile dans ce domaine sensible) poursuivre les recherches à ce sujet.
Dr Alain Cohen
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