22/12/2016
Freud ou Lacan doivent probablement se retourner dans leur tombe ! D’inspiration cognitivo-comportementaliste, des techniques d’auto-assistance viennent désormais s’intégrer aux stratégies de traitement contre la dépression (guided-self-help for depression)[1], certaines de ces thérapies étant même (auto)-assistées par la médiation d’un site Internet (Internet-based guided-self-help). À travers une méta-analyse sur ce thème, la revue Psychological Medicine (une publication de l’Université de Cambridge) évoque les possibles « effets négatifs » de ces psychothérapies à visée antidépressive « auto-assistées par Internet. »
Une recherche systématique dans les bases de données PubMed, PsycINFO, EMBASE et Cochrane Library a permis de retenir 18 études (représentant 2 079 participants) exploitées pour évaluer, chez des adultes déprimés ainsi traités, une éventuelle « détérioration » (de l’état thymique) et ses « facteurs modérateurs lors d’essais randomisés sur l’auto-assistance guidée par Internet. » La détérioration était définie comme une « aggravation significative des symptômes » à l’échelle CES-D (Center for Epidemiologic Studies Depression Scale)[2] ou à l’échelle BDI (Beck Depression Inventory)[3].
Les auteurs constatent que « le risque d’une détérioration du début à la fin du traitement est significativement plus faible » (environ deux fois moins élevé) en cas d’intervention de type Internet-based guided-self-help que chez les sujets-témoins (risque relatif = 0,47 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 0,29 à 0,75). Sans surprise en matière de thérapie à composante cognitive, on observe que l’éducation présente « des effets modérateurs sur la détérioration », les patients ayant un faible niveau d’éducation « affichant un risque plus élevé de détérioration que ceux ayant suivi un enseignement supérieur. »
Ainsi, pour les patients avec un faible niveau d’éducation, les taux de détérioration « ne diffèrent pas significativement » entre les groupes concernés par une intervention de typeInternet-based guided-self-help et les groupes-contrôles. Et, chez les patients avec un faible niveau d’éducation, environ 10 % connaissent « une détérioration de leurs symptômes ». D’où la mise en garde des auteurs : si cette intervention auto-assistée par Internet se révèle « associée à un risque moyen réduit de détérioration des symptômes comparativement aux témoins », il faut rester vigilant, en particulier « chez les patients avec un faible niveau d’éducation qui doivent être étroitement surveillés », car certains d’entre eux pourraient se trouver plus particulièrement « exposés à un risque accru de détérioration des symptômes. » D’autres études sont attendues pour préciser quels facteurs seraient susceptibles de prédire cette aggravation chez des patients dépresssifs avec un faible niveau d’éducation.
Références
[1] http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0052735
[2] http://docs.bossons-fute.fr/Documents/Risques%20psychosociaux/Echelle%20CES-D.pdf
[3] http://www.unafam.info/87/img/echelle-beck.pdf
[2] http://docs.bossons-fute.fr/Documents/Risques%20psychosociaux/Echelle%20CES-D.pdf
[3] http://www.unafam.info/87/img/echelle-beck.pdf
Dr Alain Cohen
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