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mercredi 28 décembre 2016

Quelle efficacité des thérapies anti-dépressive auto-assistées par Internet ?

22/12/2016
Freud ou Lacan doivent probablement se retourner dans leur tombe ! D’inspiration cognitivo-comportementaliste, des techniques d’auto-assistance viennent désormais s’intégrer aux stratégies de traitement contre la dépression (guided-self-help for depression)[1], certaines de ces thérapies étant même (auto)-assistées par la médiation d’un site Internet (Internet-based guided-self-help). À travers une méta-analyse sur ce thème, la revue Psychological Medicine (une publication de l’Université de Cambridge) évoque les possibles « effets négatifs » de ces psychothérapies à visée antidépressive « auto-assistées par Internet. »

Une recherche systématique dans les bases de données PubMed, PsycINFO, EMBASE et Cochrane Library a permis de retenir 18 études (représentant 2 079 participants) exploitées pour évaluer, chez des adultes déprimés ainsi traités, une éventuelle « détérioration » (de l’état thymique) et ses « facteurs modérateurs lors d’essais randomisés sur l’auto-assistance guidée par Internet. » La détérioration était définie comme une « aggravation significative des symptômes » à l’échelle CES-D (Center for Epidemiologic Studies Depression Scale)[2] ou à l’échelle BDI (Beck Depression Inventory)[3].
Les auteurs constatent que « le risque d’une détérioration du début à la fin du traitement est significativement plus faible » (environ deux fois moins élevé) en cas d’intervention de type Internet-based guided-self-help que chez les sujets-témoins (risque relatif = 0,47 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 0,29 à 0,75). Sans surprise en matière de thérapie à composante cognitive, on observe que l’éducation présente « des effets modérateurs sur la détérioration », les patients ayant un faible niveau d’éducation « affichant un risque plus élevé de détérioration que ceux ayant suivi un enseignement supérieur. »
Ainsi, pour les patients avec un faible niveau d’éducation, les taux de détérioration « ne diffèrent pas significativement » entre les groupes concernés par une intervention de typeInternet-based guided-self-help et les groupes-contrôles. Et, chez les patients avec un faible niveau d’éducation, environ 10 % connaissent « une détérioration de leurs symptômes ». D’où la mise en garde des auteurs : si cette intervention auto-assistée par Internet se révèle « associée à un risque moyen réduit de détérioration des symptômes comparativement aux témoins », il faut rester vigilant, en particulier « chez les patients avec un faible niveau d’éducation qui doivent être étroitement surveillés », car certains d’entre eux pourraient se trouver plus particulièrement « exposés à un risque accru de détérioration des symptômes. » D’autres études sont attendues pour préciser quels facteurs seraient susceptibles de prédire cette aggravation chez des patients dépresssifs avec un faible niveau d’éducation.

Références

Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Ebert DD et coll.: Does Internet-based guided-self-help for depression cause harm ? An individual participant data meta-analysis on deterioration rates and its moderators in randomized controlled trials. Psychological Medicine 2016 ; 46 : 2679–2693.

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