Près de 1 500 personnes, usagers, personnel hospitalier et syndicats, ont manifesté samedi 20 février pour défendre la qualité des soins et dénoncer les conditions de travail au centre hospitalier public du Cotentin (CHPC) à Cherbourg, en Normandie, à l'appel de l'association de défense du CHPC.
Depuis le mois d'août, habitants et personnel hospitalier sont sur les nerfs. La fermeture du service d'urgences de Valognes et d'une ligne du SMUR, à 20 km de Cherbourg, a sensiblement bouleversé les conditions de travail et l'offre de soins du territoire. « Le transfert d'activité des urgences de Valognes a conduit à un surcroît d'activité au CHPC et à un surmenage des équipes », explique André Jacques, secrétaire général de l'association, ancien cadre du secteur social. Ce n'était pas la première action de la population. En octobre dernier, l'association avait lancé une pétition ayant recueilli 26 000 signatures pour une réouverture du site de Valognes. En vain. « L'ARS Normandie a juste rouvert la ligne SMUR, ce n'est pas suffisant », poursuit André Jacques.
Spirale infernale
Le service des urgences du centre hospitalier public du Cotentin ne suit plus. « Il ne peut pas gérer le flux massif de patients », explique Pascal Carretey, secrétaire adjoint de la Fédération autonome de la fonction publique hospitalière (FAFPH). L'hôpital accueillait entre 110 et 120 passages par jour aux urgences, mais depuis la fermeture du site de Valognes, il essuie 40 passages de plus. « En jour de pic, on enregistre près de 180 passages quotidiens », détaille-t-il, ajoutant que les conditions d'accueil sont déplorables.« Il y a des annonces de diagnostics dans les couloirs, des patients âgés bloqués sur des brancards pendant des heures. Est-ce normal d'avoir une telle situation au XXIe siècle ? », s'insurge-t-il. La FAFPH pointe également du doigt la restructuration des services de l'hôpital menant à la fermeture de lits. Selon le syndicat, le service de chirurgie a supprimé 16 lits et celui de cardiologie et pneumologie s'apprête à en éliminer 24, fin mars. À cela s'ajoute le manque de personnel hospitalier, il y a 17 médecins urgentistes temps plein au lieu de 24, rapporte la FAFPH.
Démission du médecin responsable du service
La responsable du service des urgences, le Dr Fabienne Blotin, a démissionné de la chefferie la semaine dernière. Dans sa lettre de démission que s'est procuré « le Quotidien », elle indique recevoir « des annonces sérieuses de départ de praticiens » pouvant conduire « inexorablement vers la catastrophe sanitaire » et souligne que « travailler sans les effectifs nécessaires épuise physiquement et psychologiquement les personnels, sans oublier l'impression permanente de mauvaise prise en charge du patient ».
La direction a annoncé mi-janvier l'ouverture d'un centre de soins non programmés, début mars, pour remplacer le service des urgences de Valognes. Toutefois, les médecins estiment qu'il n'y a pas assez de personnels pour ouvrir un tel centre et qu'il ne résoudra pas le problème d'engorgement au CHCP.
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