Plusieurs expériences ont été menées ces dernières années pour tenter de démontrer l’efficacité de certaines thérapies par internet. L’objectif allégué est de favoriser l’accès aux soins de psychothérapie quand le manque d’offre, la distance ou la question financière sont des obstacles à la prise en charge. Le British Medical Journal publie les résultats d’une nouvelle expérimentation de ce type. Il s’agit cette fois de la prise en charge par thérapie cognitivo-comportementale (TCC) de patients atteints de dysmorphophobie. Pour ce trouble qui toucherait entre 0,7 % et 2,2 % de la population générale, les recommandations préconisent une prise en charge médicamenteuse et psychothérapeutique dont fait partie la TCC. L’accès à ce type de thérapie est toutefois souvent difficile.
Douze semaines de thérapie en ligne
Les récents travaux ont démontré l’efficacité des TCC délivrées par internet pour un certain nombre de pathologies psychiatriques, dont le trouble obsessionnel compulsif. Une équipe internationale a souhaité évaluer ce mode de prise en charge dans le trouble dysmorphophobique. Les patients, ayant tous un score ≥ 20 à l’échelle modifiée de Yale-Brown, étaient randomisés en deux groupes. Les uns (n = 47) bénéficiaient de 8 modules interactifs délivrés par l’intermédiaire d’une plateforme en ligne, pendant 12 semaines, avec du travail complémentaire (lectures de textes, exercices) et un contact possible par email tout au long de la cession avec un thérapeute. Les autres patients (n = 47) bénéficiaient d’une thérapie de soutien, délivrée elle aussi en ligne, avec là encore un accès illimité par mail aux conseils d’un thérapeute.
L’option de la comparaison avec une thérapie de soutien était justifiée par le fait qu’une enquête préalable avait montré que c’est à ce type de thérapie que les patients ont le plus souvent accès dans la réalité. Les patients étaient évalués à la fin du traitement et 3 mois plus tard.
En ligne, la TCC est plus efficace que la thérapie de soutien
Il apparaît que la TCC en ligne est supérieure en terme d’efficacité à la thérapie de soutien en ligne. Elle est associée à une réduction significative de la sévérité des symptômes, de la dépression et à une amélioration fonctionnelle globale et de la qualité de vie. Trois mois après la fin de la thérapie, 56 % des patients sont considérés comme répondeurs (contre 13 % de l’autre groupe) et 4 sur 10 ne présentent plus aucun signe de dysmorphophobie. L’analyse des données laisse apparaître qu’il est nécessaire de prendre en charge 2,34 patients pour obtenir 1 répondeur.
Les auteurs concluent que cette approche de la TCC par internet pourrait être intéressante dans le cadre d’une prise en charge à plusieurs niveaux, où les patients présentant des symptômes minimes ou modérés se verraient proposer ce mode de prise en charge, alors que les cas plus complexes ou sévères seraient orientés vers des unités spécialisées.
Dr Roseline Péluchon
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