Deux gynécologues américains viennent de relancer de manière inattendue la polémique sur les excisions. Dans un récent article, les Drs Kavita Shah Arora et Allan J. Jacobs soutiennent que des excisions "minimalistes" permettant de respecter les traditions culturelles sans mettre en danger la santé des femmes, devraient être tolérées. "Nous ne disons pas que les interventions sur les organes génitaux de la femmes sont souhaitables, mais plutôt que certaines interventions devraient être tolérées par des sociétés libérales", écrivent les deux auteurs dans une revue spécialisée, le Journal of Medical Ethics.
Plutôt que de parler de mutilation génitale, ils préconisent d'utiliser le terme "d'altération génitale" pour décrire les différents procédés d'excision et les risques qui leur sont associés. Pour les deux spécialistes de Cleveland (États-Unis), deux types d'excisions pourraient être tolérées : celles qui n'ont aucun effet durable sur l'apparence ou le fonctionnement des organes génitaux ou celles qui modifient "légèrement" leur apparence, sans avoir d'effet durable sur la capacité de reproduction ou sur l'épanouissement sexuel des femmes. Toutes les excisions aboutissant à perturber la sexualité et le déroulement de la grossesse ou de l'accouchement doivent en revanche être interdits, selon eux.
Leur prise de position a suscité d'ores et déjà de très vives réactions. Ainsi du Pr Ruth Mackin du College de médecine Albert Einstein de New York, pour lequel "une tradition culturelle destinée à contrôler les femmes, même dans sa forme la moins nocive, doit être abandonnée". Même réticences exprimées par Brian D. Earp qui redoute que l'autorisation d'excisions "minimalistes" aboutisse à un "fiasco", en multipliant les problèmes légaux, réglementaires, médicaux et sexuels. Et, alors que les deux gynécologues de Cleveland comparent ces interventions "minimalistes" sur les femmes à la circoncision masculine qui est légale dans le monde occidental, ce chercheur américain en bioéthique préconise d'ailleurs une "attitude moins tolérante" face à la circoncision, soulignant que les enfants des deux sexes "ne doivent pas avoir leurs organes sexuels endommagés ou retirés avant qu'ils ne soient en âge de comprendre et de donner leur accord à ce type d'intervention".
(avec AFP)
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