16 janvier 2016
C’est une question qui ne se pose pas dans les cabinets médicaux, mais qui pourrait pourtant éclairer de nombreux comportements face à la maladie. Pratiquez-vous régulièrement une religion ou tout au moins croyez-vous en Dieu ? L’influence du fait religieux et de la spiritualité est en effet indéniable, comme le rappelle le docteur Luc Perrino sur son blog Pour raisons de santé hébergé par le Monde. « La foi intrinsèque ou mysticisme intrinsèque est la croyance profonde en une divinité toute puissante qui influence les cours des vies et des pathologies» observe le praticien.
Au-delà du courage ou au contraire de la crainte qui naîtront chez certains patients, sous l’influence de leur conception de Dieu, l’expression de certaines pathologies peut différer en fonction des religions. Luc Perrino énumère : « En sémiologie clinique, la religion est indissociable de la culture dont on sait déjà qu’elle modifie l’expression des symptômes et des maladies. Les délires mystiques des schizophrènes diffèrent selon les cultures, la névrodermite frontale du tapis de prière ne se voit que chez les musulmans zélés, la rupture du frein préputial n’existe pas chez les circoncis ». On sait également que longtemps dans nos contrées (et encore dans de nombreux pays), les religions ont vu certaines pathologies comme la manifestation du divin : « Même s’il y a longtemps que l’épilepsie n’est plus le "mal sacré" de la rencontre avec les dieux, ce n’est que récemment, et dans peu de pays, que les maladies ne sont plus des châtiments divins ou des possessions démoniaques. Aujourd’hui, encore dans notre Occident, certaines anorexies, automutilations et suicides, sont en lien direct avec des croyances religieuses » relève Luc Perrino.Religion développée à l’adolescence : attention danger ?
Dès lors, faut-il considérer la foi et/ou la pratique religieuse comme une maladie en soi, comme un symptôme à ne pas négliger. Souvent, la croyance est en réalité un facteur protecteur. « Plusieurs études montrent que les pratiques religieuses acquises dans la petite enfance et poursuivies à l’âge adulte sont corrélées à une plus faible incidence des dépressions, des addictions et des suicides. Les rituels religieux agissent probablement comme des thérapies cognitivo-comportementales » note Luc Perrino, quand d’autres considèreront peut-être qu’elles fonctionnent au contraire comme des addictions ou des troubles obsessionnels, qui "remplacent" d’autres addictions, d’autres troubles dépressifs. Il est pourtant des situations dans lesquelles la religion pourrait devenir une véritable pathologie. « L’acquisition d’une religion à l’adolescence, nouveauté sociale encore mal étudiée, semble augmenter le risque d’addictions, de comportements asociaux et de suicides et doit alerter le clinicien. Faut-il aller jusqu’à considérer qu’en l’absence de foi intrinsèque, une acquisition religieuse extrinsèque survenant après la petite enfance est un facteur de risque social et médical, voire un élément pathologique ? La question mérite d’être posée » conclue le docteur Luc Perrino, soulevant une question qui, en « en ces périodes troubles » remarque-t-il, engendrera sans doute de nombreuses réflexions et commentaires.
Pour lire in extenso le texte de Luc Perrino, vous pouvez cliquer sur ce lien :http://expertiseclinique.blog.lemonde.fr/2016/01/11/les-religions-sont-elles-cliniques/.
Léa Crébat
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