Afin de mettre en lumière les difficultés de communication des personnes handicapées psychiques, mais également les difficultés pour les institutions d'entendre leur parole, l'association d'usagers en santé mentale Advocacy France s'est engagée, en octobre dernier, dans un projet de recherche-action. Prévu pour être déployé sur cinq sites sous un an, ce travail d'enquête sera mené, dès son lancement, par les usagers eux-mêmes. Soutenue à hauteur de 80 000 euros par la Caisse nationale de la solidarité pour l'autonomie (CNSA), cette initiative s'inscrit dans la droite ligne des engagements pris par la France avec la signature de la convention des droits des personnes handicapées et des lois de 2002 et 2005. Une orientation d'ailleurs réaffirmée par Ségolène Neuville, secrétaire d'État en charge des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, lors de l'ouverture de la journée internationale des personnes handicapées le 3 décembre dernier à l'Unesco : "Aucune politique publique dans le domaine du handicap n'a de sens si elle n'est pas concertée et coconstruite avec les personnes elles-mêmes."
Le projet de recherche, détaillé par la CNSA sur son site internet, entend donc s'appuyer sur l'expertise d'usage pour repérer les obstacles et les initiatives innovantes en la matière. Équipe de recherche et conseil scientifique en soutien, ce travail prévoit d'analyser "les conditions qui permettent aux personnes souffrant de troubles psychiques de développer et renforcer leur capacité à s'exprimer dans un langage recevable". Au-delà, est également prévu de questionner la capacité de l'environnement institutionnel et social à entendre l'expression des personnes à travers l'exploration de la vie quotidienne en milieu ordinaire et de la relation aux soins, aux soignants et à l'hôpital. Quatre objectifs ont été formulés en ce sens : le recensement de l'expression de leurs besoins non satisfaits en termes de compensation pour une vie autonome ; l'identification des moyens pour renforcer les capacités des usagers à travers l'expérience collective ; la recherche de solution pour répondre aux interpellations des usagers ; la confrontation les demandes des usagers aux attentes des institutions.
Après une première phase exploratoire d'un an sur les villes de Caen (Calvados) et Villefontaine (Isère), le projet devrait être déployé sur cinq autres sites en octobre 2016 et jusque septembre 2017. Les terrains d'expérimentation n'ont pour l'heure pas été arrêtés mais devraient vraisemblablement être sélectionnés au regard de leurs contrastes afin "d'éclairer les diverses facettes des enjeux d'accès à la citoyenneté". Les conclusions, elles, devraient être présentées dans un rapport final une fois la phase d'expansion achevée.
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