Plusieurs travaux suggérant la participation d’un effet placebo synergique dans le traitement de diverses affections (troubles de l’humeur, maladie de Parkinson, douleurs, schizophrénie, addictions...), une étude réalisée aux États-Unis évalue l’implication possible d’un effet placebo dans la réponse aux antidépresseurs chez un patient avec dépression sévère (major depressive disorder, MDD).
Dans les essais thérapeutiques des antidépresseurs, la proportion des réponses liées à un tel effet placebo irait en moyenne de 30 % à 45 % (comparativement à environ 50 % de réponses favorables pour les véritables médicaments). Portant sur 35 patients (âgés de 19 à 59 ans) avec MDD, cette étude apprécie l’activité du récepteur μ-opioïde (OP3)[1] grâce à un traceur radio-actif (marqué au radio-carbone 11C) et une technique d’imagerie fonctionnelle (tomographie par émission de positrons, PET scan). Les évaluations réalisées concernent la symptomatologie clinique (modifications thymiques) et, parallèlement, cette activité du récepteur OP3.
Les auteurs observent qu’une plus forte activité du récepteur OP3 dans le noyau accumbens [2] se trouve associée à une meilleure réponse au traitement antidépresseur (généralement un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine) et qu’une diminution des troubles dépressifs après une semaine d’exposition à un placebo est associée avec une augmentation de l’activité μ-opioïde induite dans des circuits neuronaux impliqués dans la régulation du stress, des émotions, et des troubles dépressifs, « à savoir le cortex cingulaire antérieur subgénual, le noyau accumbens, la région médiale du thalamus (midline thalamus) et l’amygdale. » Associée à une « meilleure réponse au traitement antidépresseur », l’activité du récepteur μ-opioïde induite par le placebo dans ces zones est susceptible de « prédire 43% des différences constatées dans l’amélioration des symptômes dépressifs à la fin de l’essai thérapeutique. »
Pour les auteurs, cette étude démontre que « l’activation du système μ-opioïde induite par effet placebo est impliquée dans l’élaboration d’un effet placebo de type antidépresseur chez des patients avec une dépression sévère » et qu’elle « participe aussi à la réponse aux (vrais) médicaments antidépresseurs, en contribuant au mécanisme de résilience » durant le traitement.
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9cepteur_opiac%C3%A9 &http://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/7751.pdf
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Noyau_accumbens &http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_cr/i_03_cr_par/i_03_cr_par.html
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Noyau_accumbens &http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_03/i_03_cr/i_03_cr_par/i_03_cr_par.html
Dr Alain Cohen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire