Deux évènements se bousculent Mercredi 17 décembre, en Ardèche, le jour du vingtième anniversaire de la découverte de la Caverne du Pont d’Arc, dite « grotte Chauvet ». Alors qu’est présentée la réplique de cette grotte décorée il y a 36 000 à 37 000 ans par l’homme de Cro-Magnon, quatre spéléologues revendiquent à leur tour être, aussi, à l’origine de cette découverte, aux côtés des trois « inventeurs » de la grotte, dont Jean-Marie Chauvet, qui a donné son nom à la caverne.
Cette revendication est médiatisée alors que les trois découvreurs officiels – Eliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hillaire – sont sur le point de signer un accord financier avec le futur « espace de restitution de la Caverne du Pont d’Arc » qui ouvrira au public, à quelques kilomètres de la vraie grotte, le 25 avril 2015. Il est prévu dans cet accord que revienne aux trois inventeurs officiels une redevance de 3% sur les entrées de ce musée. Qu’en sera-t-il pour les quatre nouveaux prétendants ? « C’est à l’Etat de faire la lumière sur les scénarios de découverte », note Sébastien Gayet du Syndicat mixte chargé de la réalisation de la réplique de la grotte de Chauvet (SMERGC).
Et Pascal Terrasse, le président du SMERGC de préciser à l’AFP : « L’accord est suspendu jusqu’à nouvel ordre. A partir du moment où d’autres entrent en jeu, disent qu’ils sont les inventeurs et qu’un doute persiste, je ne peux pas négocier. » Daniel André, l’un de ces quatre nouveaux prétendants s’emballe : « On aimerait que l’Etat revienne sur cet accord et qu’il soit rompu, parce que c’est une moquerie. Notre paie, c’est ce qu’on a vécu dans la grotte. »
Et quelle grotte! Avec son bestiaire du paléolithique de 425 animaux et quatorze espèces – ours, rhinocéros laineux, mammouth, panthère des neiges, boeuf musqué, bison, aurochs, bouquetin, cerf, renne, lions et chevaux – le décor de la caverne est unique par sa taille, la qualité et la liberté de son exécution. Usant du décor naturel, variant du blanc au rosé et à l’orangé, l’artiste de Cro-Magnon, un sapiens, notre ancêtre direct, met en scène, au charbon de bois, la fougue des animaux qu’il a sous les yeux. Et il signe son oeuvre avec l’empreinte de sa paume de main sur l’ocre rouge de la paroi qui lui sert de support.
Ce joyau de l’art pariétal, entré au Patrimoine mondial de l’Unesco en juin, restera à jamais fermé à la visite, pour être préservé en l’état – les malheurs de la grotte de Lascaux (Dordogne), autrefois largement ouverte, victime d’une prolifération de champignons noirs – ont servi de leçon. La décision de réaliser un double de la plus vaste caverne ornée connue s’imposait.
Une grotte recréée en 3D
L’objectif du projet, culturel, scientifique et technique, a été de recréer une grotte en 3D, avec la réplique, sur un panneau monumental de douze mètres de long, de la grande fresque des lions. Quatre cents animaux préhistoriques sur les 425 que compte la vraie grotte sont reproduits à leur taille d’origine – dont une cavalcade de 36 lions et 24 rhinocéros.
Au total, les 8000 mètres carrés de décor de la grotte ont été « compactés » sur 3000 mètres et reproduits sur une coque en résine remodelée avec du mortier, à la main, par les plasticiens. Les 44 000 mètres carrés de salles en enfilade ont été réduits à dix stations d’observation, où les éléments remarquables apparaissent à l’identique, dessins pariétaux, peintures, draperies ondulées de la paroi rocheuse. Les 200 crânes d’ours trouvés sur place, sont présentés ainsi que 4000 ossements. Mais aussi des restes des foyers avec lesquels l’artiste des cavernes s’éclairait. Reste à réaliser, d’ici au 25 avril 2015, la simulation sensorielle de la grotte fictive dont la température (13 ° C), l’humidité, l’odeur, la luminosité doivent approcher au plus près celles de l’original. Un projet de 55 millions d’euros, porté par la région Rhône-Alpes, le Conseil général de l’Ardèche, avec le soutien de l’Etat français et de l’Europe.
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