8 DÉCEMBRE 2013
«Pipi», «bobo», «récré», et aussi «âge de raison», «divorce», «hyperactif». En cent mots et avec quatorze coauteurs, le psychanalyste et universitaire Jacques André ouvre les portes de l’enfance - celle des enfants, mais aussi celle des parents. On feuillette, et la madeleine se croque : on est à nouveau petit, et la question «tu as fait tes devoirs ?»résonne comme une menace, ou pour le moins un reproche, tandis que sonne la fin d’un âge d’or où «aller à l’école voulait dire jouer, dessiner, peindre». Plus loin, la madeleine s’émiette devant la rivalité entre frère et sœur ; «C’est déjà mon frère, faut-il en plus que je l’aime ?» En écho de nos propres souvenirs, ce sont les grandes questions des petits qui sont évoquées, notamment celles frappées de non-dits.
Il y a le sexe, bien sûr, dans ses différences corporelles et dans ses pratiques supposées («le jeu du docteur» ou du «papa et la maman»), le temps («papi, c’était comment au Moyen Age ?»), le désir et l’interdit(«on ne peut pas dire des gros mots mais on peut dire salo… pette»). Et on apprend que nos réponses d’adultes, pourtant bien intentionnés, sont parfois maladroites : prétendre d’une personne décédée qu’elle «dort pour toujours» peut provoquer chez l’enfant des troubles du sommeil, et envisager qu’on «l’a perdue», «laisser penser qu’on est responsable de sa perte».
Certains des cent mots vont au-delà de nos propres expériences, posant des questions fondamentales, philosophiques, comportementales. «J’ai pas fait exprès», par exemple, «souligne la différence entre délit et culpabilité», interroge le défi à l’interdit parental et demande «qu’on juge l’intention et non l’acte». Quant aux finalités du mensonge, elles varient depuis «le désir de séduire» à celui de «ne pas décevoir», «ou au contraire celui de conserver ses secrets».
Les 100 Mots de l’enfant sous la direction de Jacques André, collection «Que sais-je ?» aux Presses universitaires de France, 128 pp., 9 €.
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