11/12/2013
C’est un magistrat qui porte des jugements sans concession, un patient devenu impatient, un« individu libre et affranchi de toute contrainte ». L’ancien président du Collectif interassociatif sur la santé (CISS), le bouillant Christian Saout, a présenté ce mercredi son dernier ouvrage, « Santé, citoyens ! », tout juste paru*, lors d’un rendez-vous organisé par Nile Consultants.
L’homme aux lunettes cerclées porte, dans ce « petit livre rouge », un regard critique mais étayé par quinze années d’expérience du système de santé, en tant que président d’Aides (entre 1998 et 2007), puis du CISS (de 2007 à 2012) et de la Conférence nationale de santé (de 2006 à 2010). Des années pendant lesquelles il a plaidé pour une meilleure représentation des patients au sein des instances de santé. A l’aube d’une énième réforme – une nouvelle loi de santé est attendue dans le courant 2014 – Christian Saout entend apporter sa contribution au débat public.
« Aucun Français ne croit plus dans cette affirmation propagée par l’OMS, il y a un peu plus de dix ans, selon laquelle notre pays disposait de la meilleure offre de santé au monde », attaque-t-il. Parler de système est d’ailleurs excessif, selon l’ex-président du CISS, tant il s’agit d’une « mosaïque où se juxtaposent, sans beaucoup de liens entre eux, les différents éléments de l’offre de prévention et de soins ».
Trop de textes, trop d’agences
Quand on parle de l’élaboration d’une stratégie de santé, Christian Saout se réjouit, candide, car la France souffre à ses yeux d’un déficit en la matière. La santé ? Un « cortège de lois éparses mal assemblées », de quelques plans « confusément appariés », la multiplication de rapports et pas moins de sept codes (de la Santé publique, de la Sécurité sociale, du Travail, de la Mutualité...).
Quant au pilotage du système, il laisse à désirer avec un empilement d’agences sanitaires coûteuses (18) qui n’empêche pas la révélation de nouveaux scandales sanitaires, la faiblesse de la coordination des soins, une « santé publique défaillante »... La stratégie nationale de santé devra définir des priorités, apporter des moyens nouveaux, réduire les inégalités sociales de santé et accorder plus de place à la représentation des patients.
Tout le monde trinque
Le président du CISS, qui s’était illustré en 2010 en accusant les médecins de ne pas utiliser de la meilleure des façons les aides à l’informatisation, demeure critique sur l’organisation de la médecine libérale. Il juge « surprenant » que les aides liées à l’installation des praticiens, l’encadrement des dépassements « toxiques» ou l’application du tiers payant soient l’objet de négociations conventionnelles. « La réduction des inégalités d’accès aux soins relève de la loi », clame-t-il. Les complémentaires en prennent également pour leur grade pour leurs contrats responsables mais « pas si solidaires ».
Christian Saout tacle jusque dans son propre camp, regrettant que la Conférence nationale de santé ait adopté un avis pour engager une réflexion sur « les droits et devoirs des usagers ». « Les associations ne sont pas toujours les vigies que l’on souhaiterait », ironise l’ancien chef de file des patients. « Des devoirs, nous en avons déjà avec les tickets modérateurs et les franchises », affirme Christian Saout.
Le magistrat dénonce enfin les rendez-vous non honorés par les patients mais combat l’idée de les faire payer. « Allons-nous de notre côté réclamer une réduction des honoraires de moitié quand on a obtenu un rendez-vous après plusieurs mois d’attente ? », s’insurge Christian Saout, toujours poil à gratter.
› CHRISTOPHE GATTUSO
* « Santé, citoyens » est paru aux éditions de Santé, novembre 2013,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire