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samedi 14 décembre 2013

Le doyen des médecins sommé par l'Ordre de la mettre en veilleuse

14/12/2013

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Le Dr Le Men, médecin depuis 1949. - Crédit photo : Olivier Quarante
« Le plus vieux médecin de France » prié de ne plus s'exprimer publiquement... En voilà une drôle d'histoire. Le 27 mai dernier, « le Quotidien » publiait un portrait du Dr François LeMen, intitulé « Médecin de famille depuis 13 lustres ». Témoin rare de l'évolution du métier, le médecin de 91 ans y racontait son parcours exceptionnel  : installé depuis 1949 à Callac, dans les Côtes d'Armor, aucœur d'une Bretagne rurale, le Dr Le Men cumulait 64 ans de pratique médicale.
Début décembre, la rédaction du « Quotidien » renoue le contact avec lui. Mais, à l'autre bout du téléphone, le médecin est désolé, il n'est pas en mesure de nous répondre. « Je ne peux pas. J'ai reçu un courrier en juillet de la part de l'Ordre pour me demander de refuser toute interview », explique-t-il.

Le courrier a donc eu son effet. Mais la position ordinale (1) reste sujette à interrogation : qu'aurait dit le doyen des médecins pour provoquer cette injonction (il semble que la lettre de juillet était une relance) ? Aurait-il bafoué son devoir de réserve ou le code de déontologie ?

Une médiatisation qui agace ?

C'est vrai, le Dr Le Men a la dent dure contre le corps médical en général. On peut même se demander comment il pourrait en être autrement, tellement la médecine d'après-guerre n'a plus rien à voir avec la médecine d'aujourd'hui. « Alors qu’on a beaucoup de professionnels autour de nous, une médecine de pointe, on a une très mauvaise organisation », avait-il déclaré il y a quelques mois. Ce type de sortie a-t-il déplu à certains confrères ?
Son expérience, son âge et, sans doute, sa longévité en tant que médecin, lui ont-ils conféré une sorte de complexe de supériorité ? Il a semble-t-il pris goût à raconter, à la presse du moins, ce qu'il appelle ses« beaux diagnostics », exemples à l'appui (mais invérifiables).
Sans doute encore, son côté « donneur de leçon » a pu faire tiquer certains de ses confrères. Une phrase citée en mai dernier (« Comme je dis souvent : faut penser à tout, si on pense à rien, on trouve rien... ») a certainement fait grincer quelques dents. Idem quand il dit, dans son franc parler, très peu politiquement correct : « Bien sûr, j’ai quelques ratés comme les confrères, mais le moins possibles... On n’est pas là pour envoyer les gens au cimetière. »
Ce qui peut passer pour un manque de tact, peut-être un goût pour une certaine forme de provocation, méritait-il une telle sentence ? A la demande de la rédaction, le Dr Le Men a lu le courrier adressé par l'Ordre. Les termes utilisés sont très clairs : le non suivi de cette demande de ne plus parler à la presse pourrait avoir « des conséquences préjudiciables sur votre activité » et l'histoire pourrait alors être transférée devant le conseil régional de l'ordre. Espérons que la parole libre du Dr Le Men ne lui gâchera pas sa fin de carrière.
> Olivier Quarante
(1) Le président de l'Ordre des Côtes d'Armor n'a pu être joint dans le délai. 

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