3 septembre 2013
mobilisation . Un collectif de 16 organisations appelle à descendre mardi dans la rue contre la réforme.
L’intitulé du collectif annonce la couleur : «La retraite : une affaire de jeunes.» Ce rassemblement de 16 organisations (Unef, UNL, CGT, FSU, Solidaires, JOC, Génération précaire, etc.) appelle les jeunes à participer à la manifestation de mardi contre la réforme des retraites, organisée par plusieurs centrales syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires).
Le collectif, qui dénonce une réforme «injuste pour les jeunes», veut faire entendre la voix de la génération 1973, celle qui prendra la réforme Ayrault «plein pot» en 2035. Autrement dit, celle qui devra travailler 43 ans pour une pension à taux plein. «Les réformes sont toujours menées au nom de la jeunesse et se font à chaque fois à son détriment», a attaqué hier Emmanuel Zemmour, président du syndicat étudiant Unef, en préambule d’une conférence de presse.
Colère. Ce collectif n’est pas né d’hier, mais en 2010, dans le sillage d’une autre réforme, celle de Eric Woerth. L’annonce de la nouvelle douloureuse par Jean-Marc Ayrault le 27 août, plus les compensations promises au patronat à l’université du Medef, ont reboosté la colère jeune. «Cette réforme-là nous met au centre du débat, poursuit Zemmour. Mais elle introduit une coupure générationnelle d’après 1973 qui ne résout pas les injustices mais, en plus, fragilise le système par répartition.»
Première critique : l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans, quand les jeunes rentrent de plus en plus tard sur le marché du travail, avec un emploi stable à 27 ans en moyenne. Nous devrons travailler jusqu’à 67 ans, se plaignent-ils. Car le cas d’école «idéal» demeure une chimère : celui du jeune embauché à 19 ans et qui cotise pendant 43 ans, pour obtenir sa pleine retraite à 62 ans. D’autant que la réforme ne prend pas en compte la période qui précède, études ou temps d’inactivité. «Entre 18 et 25 ans, les jeunes sont dépourvus de droits sociaux, a renchéri le président de l’Unef. Pas droit au RSA, pas droit au chômage avant d’avoir cotisé et bientôt pas à la retraite.»
Les mesures présentées par le gouvernement pour aider les jeunes à valider plus facilement des trimestres ne trouvent pas grâce aux yeux du collectif. Comme l’a promis la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, les étudiants auront une aide de 1 000 euros par trimestre racheté pour compléter leur durée de cotisation, dans la limite de quatre trimestres.«Comment les jeunes vont-ils racheter quatre trimestres quand ils ont déjà souvent un prêt étudiant à rembourser ? C’est ne pas prendre en compte que l’épargne se fait aujourd’hui à partir de 50 ans», a estimé Eric Aubin, de la CGT. Le collectif a chiffré que, sur la base d’un trimestre à 1 800 euros, le rachat d’une année reviendrait à un «exorbitant» 7 200 euros. Selon Anne Feray, de la FSU, un fonctionnaire de 30 ans qui rachète une année d’étude devra y consacrer six mois de salaire. Gwendal Ropars, de la JOC, relève tout de même un point positif dans la réforme : la prise en compte de l’apprentissage. «Mais il faudrait intégrer aussi les stages, comme le prône le rapport Moreau dont Ayrault pourrait reprendre la préconisation», pointe-t-il.
Scolaire. Le Collectif espère donc mobiliser le 10 septembre, une date qui intervient tôt dans la rentrée scolaire et universitaire. Au-delà de la participation des jeunes, c’est le succès global de cette journée qui conditionnera la suite. Eric Aubin juge en tout cas que, vu la manière dont le gouvernement gère la réforme, «l’annonce d’une procédure d’urgence montre qu’il craint une mobilisation et un débat public».
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