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samedi 7 septembre 2013

La mobilisation s'accentue autour de la fermeture des urgences de l'Hôtel-Dieu de Paris

Le Monde.fr | Par 
Vue de l'Hôtel-Dieu sur l'île de la Cité à Paris.
Vue de l'Hôtel-Dieu sur l'île de la Cité à Paris. | AP-HP
L'hypothèse d'une fermeture prochaine des urgences de l'Hôtel-Dieu est relancée. La commission médicale d'établissement (CME locale) du groupe hospitalier Hôtel-Dieu-Cochin, qui regroupe une vingtaine de professeurs, a demandé, lors d'un vote à l'unanimité lundi 2 septembre, la fermeture des urgences le 4 novembre. Une date qui avait été fixée en 2012, mais reportée le 10 juillet par la ministre de la santé, Marisol Touraine, sine die. Ce vote intervient alors que, depuis le 1er septembre, des opposants à cette fermeture occupent une partie de l'hôpital.
Les responsables médicaux des deux établissements qui ont voté la résolution ont demandé "le transfert accéléré des services cliniques et médico-techniques restant sur le site de l'Hôtel-Dieu vers l'hôpital Cochin". Ils s'inquiètent de "la démoralisation croissante des soignants médicaux et non-médicaux à la suite de la prise de décisions contradictoires sur l'évolution" de l'hôpital.

La direction générale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et la CME centrale ont lancé en 2012 un projet de reconversion du vieil hôpital en un "hôpital universitaire de santé publique", c'est-à-dire sans lits mais axé sur la médecine générale (maison médicale ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre), la formation, la recherche et la santé publique. Dans ce cadre, ils ont conjointement décidé de la fermeture de ces urgences, le 4 novembre 2013. De nombreux services de l'Hôtel-Dieu, jugés trop vétustes, ont déjà été transférés vers Cochin, situé à 1,5 km.

"TOUS LES AUTRES SERVICES ONT ÉTÉ TRANSFÉRÉS"
Le Pr Loïc Capron, président de la CME centrale de l'AP-HP, et à ce titre porte-parole de l'ensemble des médecins des 37 hôpitaux du grand centre hospitalier de la capitale, estime que cette fermeture est nécessaire "pour garantir la qualité des soins et la sécurité des patients, qui ne pourront plus être assurés après le 3 novembre".
"Il n'y a plus rien derrière ces urgences. Quasiment tous les autres services ont été transférés. Un service d'urgences ne peut pas fonctionner seul. Qui irait se faire soigner là ? Pas moi", poursuit le professeur. Début août, il avait déjà averti le gouvernement que "maintenir ce service d'urgences serait flouer les Parisiens de manière irresponsable et condamnable", visant directement la décision prise par Mme Touraine en juillet. Le report par la ministre de la santé de cette fermeture avait été interprété comme une décision électoraliste avant les municipales. "Il n'y a pas d'autre explication possible", ajoute le PCapron.
Depuis le dimanche 1er septembre, le médecin urgentiste Gérald Kierzek, principal opposant à cette fermeture, ainsi que les syndicats CGT et Sud ont investi un service de l'Hôtel-Dieu, pour protester contre ce projet. Une cinquantaine de personnes, des élus – comme Christophe Girard, maire du 4arrondissement de Paris –, des personnels de l'hôpital, des syndicalistes ou encore des associations comme le DAL (Droit au logement) se relaient pour occuper le service.
"LOGIQUE ABERRANTE"
"Au CME local, ce sont quasi-exclusivement des professeurs de Cochin qui votent. Il y a un conflit d'intérêt manifeste, puisqu'ils souhaitent la fermeture des urgences pour en récupérer l'activité et les postes dans leur hôpital, affirme Gérald Kierzek. Les services ont été rénovés il y a moins de cinq ans, cela a coûté très cher. Tout casser maintenant pour faire des bureaux obéit à une logique aberrante", s'indigne l'urgentiste.
Pour lui, "toutes les conditions de sécurité sont remplies" à l'Hôtel-Dieu. Au contraire, poursuit-il, c'est la direction de l'AP-HP qui tente"d'asphyxier" les urgences en empêchant les pompiers d'y venir. Gérald Kierzek estime que Mme Touraine, qui a "endormi" le dossier "en attendant que les municipales passent, doit désormais se positionner clairement". Contacté, le ministère de la santé n'a pas souhaité réagir à cette situation.
Jean-Marie Le Guen, adjoint PS au maire de Paris chargé de la santé et président du conseil de surveillance de l'AP-HP considère que cette question "ne se règle pas par une décision verticale". Cependant, M. Le Guen "constate que faire fonctionner à Paris des urgences sans rien autour, c'est impossible".
Pour tenter de faire bouger le ministère, le Pr Loïc Capron prévoit d'organiser, mardi 10 septembre, un vote de la CME centrale, qui devrait conforter le vote de ce lundi, en faveur d'une fermeture en novembre.

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