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dimanche 16 décembre 2012

Où meurt-on en France ?


Une étude révêle que 27% des Français meurent à domicile, la majorité des décès ayant lieu à l’hôpital. Les décès par tumeurs, pneumonie-grippe ou maladie cérébrovasculaire ont surtout lieu à l’hôpital, alors que les décès par suicide diabète et maladies hypertensives surviennent plus souvent à domicile. Alors que la répartion hôpital-ville est stable depuis 15 ans, les auteurs de l’étude parue dans le BEH estiment que la France gagnerait à "déshospitaliser" la fin de vie.

Les Français, en grande majorité, souhaitent mourir chez eux. Une volonté que soutiennent les autorités gouvernementales, qui y voient aussi une source d’économie conséquente. Pourtant, « mourir chez soi » est loin d’être la règle générale. En effet, une étude publiée ce mardi dans le Bulletin Epidemiologique Hebdomadaire montre qu’en 2008, 27% des Français meurent à domicile. 57% des décès ont lieu à l’hôpital , 11% en maison de retraite et 5% ailleurs.

La majorité des décès surviennent donc à l’hôpital, dans « une proportion qui est restée globalement stable au cours des 15 dernières années, précisent les auteurs, et qui varie selon la cause du décès ». « Elle est maximum pour les décès par tumeurs (72%), pneumonie-grippe (71%) ou maladies cérébrovasculaires (67%). Quant aux proportions de décès à domicile, elle sont plus fortes pour le suicide (65%) et -en ce qui concerne les maladies- pour le diabète (42%) et les maladies hypertensives (44%).

Prendre exemple sur nos voisins?

Si le taux global de décès à l’hôpital est stable sur le long terme, on note toutefois en 2008 une augmentation du taux de décès à l’hôpital suite à des tumeurs. Ce qui s’explique par le fait que ces malades ont des besoins spécifiques, avec des traitements complexes et agressifs et qu’ils sont presque toujours hospitalisés juste avant la fin de vie. Cependant, la France se distingue par son fort taux d’hospitalisation en fin de vie. « La fréquence des décès par tumeur à l’hôpital est plus importante que dans certains pays européens : sur 2003 par exemple, ce taux est de 60% en Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne (contre 71 % en France)», relève l’étude. La raison viendrait d’une différence dans l’organisation des soins, ces pays disposant d’une prise en charge palliative hors hôpital. Des modèles qui pourraient devenir une source d’inspiration pour les autorités françaises.

A contrario, les décès dus aux maladies du système nerveux, comme la maladie d’Alzheimer, se produisent moins souvent à l’hôpital : 41% de ces malades y décèdent, contre 29% à domicile et 26 % en maison de retraite. Cela s’explique par el fait que la France a mis en place quelques modes de prise en charge en alternative à l’hôpital (structures de soins de suite et de réadaptation, Ehpad…), qui restent toutefois à développer.

Influence de l’entourage sur l’hospitalisation

Par ailleurs, l’étude souligne que l’entourage pourrait avoir un impact sur l’hospitalisation, les personnes célibataires décédant plus souvent à domicile, sans doute du fait de leur isolement. De même, plus les personnes sont âgées, plus le décès a lieu à l’hôpital, ce qui pourrait s’expliquer par « le vieillissement de l’entourage, notamment du conjoint qui ne peut assumer une si lourde tâche et préfère une prise en charge hospitalière », supposent les auteurs. Enfin, l’étude révêle que les décès se produisent plus souvent à l’hôpital dans le nord de la France que dans le sud, chaque région ayant une « culture médicale » propre. « Ces résultats soulignent l’importance de décliner des politiques nationales de « déshospitalisation » de la mort au niveau régional et départemental, afin de s’adapter aux spécificités territoriales », concluent les auteurs.
Charlotte Demarti

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