Inégalités sociales de santé : la médecine de parcours, solution privilégiée par le Haut Conseil
Dans son rapport annuel rendu public lundi, le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie (HCAAM) s’est intéressé au rôle de l’assurance-maladie dans la lutte contre les inégalités sociales de santé. Ces inégalités sont mesurées par divers indicateurs sociaux (revenu, catégories socioprofessionnelles, précarité) et de santé (espérance de vie, nombre de maladies déclarées, causes de décès). « Rechercher et comprendre ces liens entre situation sociale et état de santé concerne au premier chef l’avenir de l’assurance-maladie », indique le touffu rapport duHCAAM.
Inégalités de milieu et de mode de vie incriminées
La situation n’est pas glorieuse, au regard des chiffres fournis par la DREES et l’assurance-maladie, dont « certains sont sans appel », indique le Haut Conseil. Par exemple, la probabilité de mourir avant 80 ans est 21 % plus élevée pour les hommes ouvriers que pour l’ensemble des hommes. Par rapport à un cadre, un ouvrier du même âge a trois fois plus de risque de se déclarer en mauvaise santé. Et l’espérance de vie des cadres à 35 ans dépasse de plus de six ans celle des ouvriers au même âge.
À l’inverse et sauf aux grands âges, le HCAAM note aussi que la dépense totale de soins est très peu différenciée entre les différentes catégories socioprofessionnelles. Le Haut Conseil en conclut que « ce ne seraient pas, ou pas principalement, des difficultés financières d’accès aux soins qui expliqueraient les inégalités sociales de santé, mais bien plus les inégalités de milieu [environnement, conditions de travail] et de mode de vie » (facteurs comportementaux, nutrition, hygiène de vie, addictions).
Enfin, le rapport rapproche inégalités sociales de santé et inégalités territoriales. L’espérance de vie des femmes à la naissance varie ainsi de 82,3 ans en région Nord-Pas-de-Calais à 85,2 ans pour la région Pays de la Loire. Pour le HCAAM, « il est clair que ces inégalités territoriales de santé peuvent être, au moins en partie, le reflet d’inégalités sociales de santé ».
Développer la médecine de parcours
Parce qu’elle doit « garantir un égal accès aux soins pour tous », l’assurance-maladie a son rôle à jouer dans la lutte contre ces inégalités, de par sa « fonction régulatrice de l’offre de soins » et « en raison de l’action compensatrice et correctrice qu’elle doit être en mesure de conduire ».
Le Haut Conseil met en avant la nécessité de développer la « médecine de parcours », « réponse pertinente aux inégalités sociales de santé » que le HCAAM appelle « fermement » de ses vœux. Les parcours de soins doivent être « animés par les professionnels soignants de proximité, incluant les démarches de prévention et d’éducation pour la santé, et soucieux d’un juste recours à l’hôpital », indique le HCAAM. Pour plus de visibilité, les patients doivent avoir entre les mains « des incitations à ces parcours pertinents » – soit, semble-t-il, un meilleur remboursement. « Il ne faudrait pas que des hospitalisations inadéquates persistent en raison de reste à charge pour les patients moins élevés qu’en ville », tonne le Haut conseil. Qui espère un déploiement de nouveaux parcours de soins « sans délai », grâce à « un petit nombre de prototypes pilotes territoriaux ».
› ANNE BAYLE-INIGUEZ
lequotidiendumedecin.fr 17/12/2012
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