La pratique de l'allaitement varie fortement en fonction du niveau social de mères
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L'allaitement reste encore très diversement pratiqué par les Françaises. Plus de deux tiers des nourrissons (69 %) sont allaités à la maternité (60 % de façon exclusive, et 9 % en association avec des formules lactées), mais ils ne sont plus que la moitié (54 %) à être allaités un mois plus tard, dont seulement 35 % de façon exclusive.
Tels sont les résultats de l'étude Epifane (Epidémiologie en France de l'alimentation et de l'état nutritionnel des enfants pendant leur première année de vie) publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire(BEH) de l'Institut national de veille sanitaire (InVS), mardi 18 septembre.
L'étude est réalisée par l'Unité de surveillance et d'épidémiologie nutritionnelle (Usen) de l'InVS/Université Paris 13 auprès de 3 500 nourrissons nés entre le 16 janvier et le 5 avril 2012 dans 140 maternités. Au final, les résultats ont porté sur 2 936 mères. Jusqu'ici, les données étaient anciennes, notamment sur la durée de l'allaitement.
QUAND LE CONJOINT A UNE PERCEPTION POSITIVE DE LA FEMME QUI ALLAITE
Fait marquant, la mise au sein est proportionnelle au niveau d'études. Les femmes de niveau d'études inférieur ou égal au baccalauréat allaitent moins que celles de niveau supérieur. L'écart varie de 62 % à 74 % à la naissance, et de 44 % à 62 % à un mois. Les taux d'allaitement sont aussi plus élevés chez les femmes nées à l'étranger. Ils varient également à la hausse selon que les femmes sont plus âgées, mariées, qu'elles n'ont pas fumé pendant la grossesse, ont suivi des cours de préparation à l'accouchement. L'allaitement est également favorisé si la mère a eu un contact peau à peau avec son bébé dans l'heure suivant l'accouchement, et surtout si le conjoint a une perception positive de la femme qui allaite.
Ces chiffres ne sont guère élevés, quand on sait que la promotion de l'allaitement maternel figure parmi les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) et que les instances internationales, comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS), préconisent l'allaitement exclusif pendant les six premiers mois de l'enfant.
La France fait figure de mauvais élèves en Europe, le taux d'allaitement à la naissance atteignant 98 % en Norvège. Ce taux a toutefois beaucoup progressé dans l'Hexagone, puisque l'allaitement à la naissance n'était que de 37 % en 1972 et 53 % en 1998.
Les bénéfices de l'allaitement maternel ne sont plus à démontrer : il est plus que bénéfique à la santé de l'enfant, notamment pour la prévention des allergies et des infections gastro-intestinales, respiratoires et oto-rhino-laryngologiques, indique le BEH. Pour les mères, les suites de couches sont facilitées, avec un moindre risque d'infections et d'hémorragies du post-partum. De même, l'allaitement serait protecteur des risques de cancer du sein pour la mère et de diabète et d'obésité chez l'enfant. Cependant, note la revue, "l'utilisation des formules lactées reste, dans un pays développé comme la France, une alternative tout à fait acceptable pour la santé des enfants".
CIBLER LES "GROUPES À RISQUES"
Conclusion de l'étude : "Des efforts importants en matière de promotion de l'allaitement maternel sont donc nécessaires en France", en tenant compte des facteurs démographiques et sociaux. En clair : il faut cibler les "groupes à risques" que sont les jeunes mères et celles de faible niveau d'éducation. Il est aussi recommandé de donner des informations pendant la grossesse, à la naissance et lors du post-partum.
L'allaitement est une question qui taraude nombre de jeunes mères. Si certaines sont sûres de leur choix, elles restent nombreuses à s'interroger avec, souvent, un sentiment de culpabilité de celles qui ne souhaitent pas donner le sein.
Les résultats complets de l'étude Epifane sont prévus pour le second semestre 2013. Ils porteront sur l'alimentation des bébés pendant leur première année de vie, qu'il s'agisse d'allaitement maternel, de laits pour bébés (type, durée, quantités utilisées) ou de la diversification des aliments.
Pascale Santi
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