Qui décide ? Ni mon cerveau ni moi...
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Il arrive rarement qu'on pense à Lord Gifford (1820-1887). Pourtant, de fortes raisons incitent à éprouver, envers ce gentleman, une réelle gratitude. Sa décision de léguer une partie de sa fortune aux quatre universités de l'Ecosse afin d'organiser des conférences annuelles, publiées ensuite, nous a valu, au fil du temps, une admirable brochette de travaux.
Parmi les intervenants récents, on remarque par exemple Vattimo, Chomsky, Nussbaum, Steiner ou Putnam, qui succèdent à Arendt, Aron, Toynbee, Bohr, Dewey et Whitehead, sans oublier Bergson ou Frazer... Excusez du peu !
Dans ce cadre, en 2009, s'est exprimé Michael Gazzaniga, l'un des grands spécialistes du cerveau, professeur à l'université de Californie. Son sujet, au premier regard, n'avait rien d'affriolant : que nous disent les neurosciences de la vieille querelle "déterminisme ou liberté" ? On craint évidemment un exposé hypertechnique, débouchant sans surprise sur le énième constat de décès du libre arbitre... Pas du tout ! Ce scientifique parle de manière vivante, accessible, parfois drôle, et il est diablement intéressant d'un point de vue philosophique. Car il dit tout autre chose que ce qu'on s'attend à entendre.