24.02.2017
C’est une proposition récurrente, plus encore en période électorale : abaisser la majorité pénale à 16 ans. Aligner le régime pénal de ces jeunes sur celui des adultes. Récemment, c’est François Fillon qui l’a suggéré comme remède aux violences entre les jeunes de banlieue et les forces de police. Ce lundi, il devrait revenir sur cette proposition lors de sa visite à Meaux (Seine et Marne), dans la ville de Jean-François Copé. Il n’est pas le seul à occuper le créneau : avant lui, Rachida Dati et bien d’autres s’y sont employés. En tout, l’ordonnance de 1945 qui introduit la justice des mineurs a été retouchée une cinquantaine de fois.
Dans ces moments là, nos hommes politiques omettent de rappeler que comme tous les autres citoyens au-delà de 13 ans, ces jeunes sont déjà passibles de peines de prison. Seulement, ils ne sont pas soumis à la justice des adultes. En France, les mineurs délinquants passent devant un juge des enfants, font l’objet de sanctions spécifiques et sont soumis à des mesures éducatives.
Ce principe fait l’objet d’une remise en cause au motif d’une évolution supposée de la jeunesse contemporaine, devenue plus violente, plus mature, plus responsable des ses actes. Qu’en dit la psychiatrie ? Gérard Shadili, pédopsychiatre à l’Institut Mutualiste Montsouris, (service de psychiatrie de l'adolescent et de l'adulte jeune), ancien expert judiciaire à Vannes, expose sa vision.
En 2016, à 16 ans, est-on encore un enfant ?
Dr Gérard Shadili : Un jeune de 16 ans n’est pas un adulte. C’était le cas hier ; c’est toujours le cas. Pour s’en convaincre, on peut rappeler les données sur le fonctionnement cérébral de cette population. L’imagerie a démontré que jusqu’à 20-21 ans, le cortex cérébral est encore en développement. Cette zone du cerveau est impliquée dans la planification, la réflexion, le contrôle et l’inhibition des comportements.