LE MONDE | | Propos recueillis par Florence Rosier
Sociologue et directrice d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Irène Théry a présidé le groupe de travail qui a publié, en 2014, le rapport « Filiation, origines, parentalité - Le droit face aux nouvelles valeurs de responsabilité générationnelle », à la demande du ministère en charge de la famille. Le 6 mai, elle publie au Seuil Mariage et filiation pour tous, une métamorphose inachevée (128 pages, 11,80 euros).
La notion « d’enfants de l’amour » a-t-elle un sens aujourd’hui ?
Il faut se souvenir du passé : nous sommes les héritiers de ce que j’appelle un « ordre familial matrimonial ». Selon cet ordre, le mariage est l’institution qui donne un père aux enfants que la femme met au monde. Le cœur du mariage est la présomption de paternité : « L’enfant conçu ou né pendant le mariage a pour père le mari. » En face de cette présomption il y a son contraire : l’interdiction de recherche en paternité hors mariage. Edictée par la Révolution française, et reprise par l’article 340 du Code Napoléon en 1804.