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samedi 23 septembre 2023

Maternité Dépression post-partum : une Française sur six y a été sujette en 2021

par Benjamin Soyer  publié le 20 septembre 2023

Le rapport de Santé publique France, publié mardi 19 septembre, évalue la prévalence de la dépression post-partum, de l’anxiété et des idées suicidaires, deux mois après l’accouchement. La région Centre-Val de Loire semble la plus touchée.

Briser, enfin, le tabou qui entoure la santé mentale périnatale. Et intégrer que l’on peut voir germer, au cours de la période post-accouchement synonyme de grands bouleversements, des troubles psychiques importants chez certaines femmes. Pour la première fois, une étude d’ampleur, réalisée à l’échelle nationale et parue mardi 19 septembre au bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, évalue la prévalence des différentes manifestations psychiatriques, deux mois après la naissance des nouveau-nés : la dépression post-partum (DPP), l’anxiété ou encore les idées suicidaires.

Sur la base d’«un échantillon représentatif de 7 000 femmes qui ont accouché au mois de mars 2021», l’analyse montre ainsi qu’une femme sur six présente une dépression post-partum, deux mois après son accouchement. Soit une pathologie psychiatrique importante, «qui se manifeste par de la tristesse, du manque de plaisir et d’entrain, des difficultés à dormir et à se concentrer, pouvant aller jusqu’à avoir des idées suicidaires», détaille Sarah Tebeka, médecin spécialisée en psychiatrie périnatale et co-autrice du rapport. Un trouble qui se distingue du «baby blues», manifestation non pathologique ne dépassant pas quelques jours suivant l’accouchement. «Pour parler de dépression, on s’attache à ce que les femmes présentent une symptomatologie dépressive quotidiennement, pendant au moins quinze jours, et à ce que ces symptômes viennent vraiment impacter leur quotidien», poursuit la psychiatre.

«Idées un peu fugaces»

Si elle peut être isolée, l’anxiété, elle, est plutôt assimilée à un registre de symptômes qui peuvent survenir dans le cadre d’une pathologie psychiatrique, «qu’il s’agisse d’une dépression ou d’un trouble anxieux caractérisé». Ainsi, l’étude rapporte que plus de 25 % des femmes ont déclaré en avoir ressenti en 2021, au cours des deux mois post-partum. Une sur vingt a quant à elle indiqué avoir eu des pensées suicidaires durant cette même période. «Il peut s’agir d’idées un peu fugaces, un peu ponctuelles, explique Sarah Tebeka, également enseignante-chercheuse. Mais, dans la majorité des cas, les idées suicidaires sont associées à une pathologie telle que la dépression.»

Ces résultats importants, qui permettent de saisir l’ampleur du phénomène et de confirmer la santé mentale périnatale comme un sujet de santé publique, ne sont néanmoins «pas du tout surprenants» pour les autrices, qui y voient une cohérence avec les données déjà existantes à l’échelle internationale : «Même s’il peut y avoir des contextes et environnements variés, la grossesse et le post-partum sont des périodes de susceptibilité rencontrées par l’ensemble des femmes», expose Nolwenn Regnault, responsable de l’unité santé périnatale, petite enfance et santé mentale au sein de Santé publique France.

Des disparités régionales

L’étude met cependant en exergue des disparités régionales : si la prévalence de la dépression post-partum atteint 16,7 % des femmes au niveau national, toutes les régions ne paraissent pas égales face à ce phénomène. Ainsi, c’est le Centre-Val de Loire qui semble le plus touché avec 21,7 % des femmes concernées par la DPP, suivi des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur (20,5 %) et Ile-de-France (19,3 %). A l’inverse, seules 11,4 % des femmes issues de Bourgogne-Franche-Comté présentent une pathologie dépressive post-partum. Concernant l’anxiété, l’écart se creuse entre la Normandie (21,2 %) et le Centre-Val de Loire (33,9 %), toujours tristement en tête. «A ce stade, nous n’avons pas d’explications sur ces disparités régionales,regrette Nolwenn Regnault. Des travaux sont en cours pour mieux comprendre les caractéristiques et les perceptions qui pourraient varier d’une région à l’autre, mais c’est déjà un premier pas que d’avoir constaté ces disparités.»

L’apparition de tels troubles peut avoir des conséquences sur la mère, en état de souffrance psychique intense, mais également sur le nouveau-né, dont «le développement risque d’être altéré». D’où la nécessité de sensibiliser le grand public, pour accompagner au mieux les mères, estiment les autrices. «Ces résultats renforcent la nécessité d’une évaluation des manifestations psychiatriques en période postnatale, et le caractère fondamental des politiques de prévention.»


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