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dimanche 1 août 2021

« Les troubles flambent » : les urgences pédopsychiatriques au chevet de la détresse adolescente

Par     Publié le 2 août 2021




Yassine (tous les prénoms des enfants ont été modifiés) tient Clémentine dans ses bras. Le grand adolescent aux traits enfantins sourit à pleines dents, stupéfait de la facilité avec laquelle il a enlacé cette jolie jeune fille de 14 ans, à peine arrivée. « Vous êtes à l’hôpital, là, pas dans un club de rencontres », peste Doris (qui n’a pas souhaité donner son nom), l’aide-soignante, en traversant la salle de vie de l’unité Urgences et liaisons de psychiatrie infanto-juvénile (Ulpij) de la Fondation Vallée, située au cœur du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), et dans laquelle Le Monde a pu passer une semaine. Yassine et Clémentine sont tous les deux là pour des tentatives de suicide ; l’un a avalé deux boîtes d’anxiolytiques le matin de son bac blanc, l’autre a fait une overdose d’ecstasy.

Chaque année, ils sont près d’une centaine d’enfants et d’adolescents à séjourner dans ce service unique en région parisienne, capable « de fonctionner en vraie urgence et d’hospitaliser un jeune en une heure, dans un espace fait pour ça, explique le docteur Hugo Naudet, médecin de l’unité. Ici, on récupère les pires situations, mais je n’ai jamais eu autant de demandes pour des cas complètement catastrophiques. On doit sans arrêt trouver des solutions, on n’a que huit places. » L’Ulpij agrège toutes les détresses adolescentes aggravées par la pandémie de Covid-19, qui a augmenté la maltraitance intrafamiliale, la désocialisation, le temps devant les écrans et les idées suicidaires. Et depuis décembre 2020, « les troubles flambent », affirme le docteur Naudet.

Au même moment, l’unité a dû alerter l’agence régionale de santé (ARS) pour obtenir des renforts. « Les deux confinements ont été initialement plutôt bien vécus par beaucoup d’adolescents, qui semblent s’être retrouvés dans une période de “pseudo-confort” en lien avec l’arrêt scolaire. Cependant, la suite montrera que cette accalmie n’était que temporaire, et on assistera à une explosion de décompensations psychiatriques et de situations de crises chez les adolescents en fin d’année 2020 », corrobore le rapport d’activité de l’unité publié début 2021. Ce service, comme les autres structures analogues en France, redoute une épidémie de gestes autoagressifs chez les jeunes.

Coupés du monde pendant deux semaines

Deux médecins, trois internes, dix infirmiers, six aides-soignantes et un psychologue se relaient jour et nuit pour veiller sur ces enfants coupés du monde et enfermés dans l’unité pendant deux semaines en moyenne. Ils rejoignent ensuite le circuit de la pédopsychiatrie de ville, affaibli lui aussi par la crise sanitaire et le manque de praticiens. Les listes de patients des centres médico-psycho-pédagogiques sont saturées, avec parfois un an d’attente pour voir un soignant. « La fragilité du tissu de soin en aval fait que les jeunes sur le fil basculent plus vite, s’acutisent [passent d’un état chronique à un état aigu], et atterrissent plus aux urgences. C’est un cercle vicieux », explique le docteur Richard Buferne, chef du pôle intersectoriel à la Fondation Vallée, à laquelle est rattachée l’Ulpij.

Lundi matin, 9 h 30. L’équipe soignante grignote des tartines, serrée dans la petite salle des transmissions avec vue sur le couloir de l’unité. Les infirmières listent les événements de la nuit. Hippolyte, 12 ans, s’est effondré : « Je veux me casser d’ici, ils sont tous tarés. » L’enfant est un hikikomori, terme japonais désignant ces jeunes reclus, déscolarisés et nourris aux jeux vidéo. Avec les confinements successifs, il a décroché de l’école depuis un an. Son médecin généraliste et un ambulancier sont venus l’extraire de son appartement pour l’emmener à l’Ulpij. Quand Zofia Voineau, l’interne, demande à Hippolyte ce qu’il ferait avec une baguette magique, il répond qu’il enlèverait les poubelles de chez lui : sa mère est atteinte du syndrome de Diogène – un trouble du comportement qui consiste à accumuler des objets dans de mauvaises conditions d’hygiène. Elle refuse la venue des services sociaux, de peur qu’on lui enlève son fils. Un placement en urgence de l’adolescent est débattu.

Deux adolescents et un soignant dans les couloirs de l’Ulpij, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), le 13 juillet 2021.

Enzo, 14 ans, n’a pas bien dormi non plus, il a accumulé les crises d’angoisse. Avec les confinements, « ça a pété ». Il y a trois semaines, ses parents sont partis travailler. Il avale trente comprimés d’un coup, se filme avec son portable, envoie la vidéo à sa mère et appelle les pompiers. Zofia Voineau se veut rassurante : « Il est capable de critiquer son geste, en disant qu’il a perdu les pédales. » « Angoisses massives d’abandon », pose le docteur Naudet.

« Moi, je nique les adultes »

Deux enfants tambourinent à la fenêtre de la salle et interrompent la réunion, un long morceau de plastique noir à la main. « Ils ont encore arraché le joint d’une porte de chambre », râle Corinne (qui n’a pas souhaité donner son nom), une infirmière. Les transmissions reprennent. La veille, un petit nouveau a été admis. Walid a seulement 9 ans. « Il est agité, insolent, vulgaire », décrit un soignant. « Moi je nique les adultes, je nique les enfants », répète-t-il depuis son hospitalisation. Hier, il est entré survolté, et a essayé de tout arracher dans sa chambre. Vingt-cinq gouttes de Tercian, un puissant neuroleptique, lui ont été administrées pour le calmer, éviter de devoir le « contentionner » et d’appeler la sécurité. « Des gamins comme ça, il y en a des milliers, ce n’est pas tant de la psychiatrie qu’il a besoin que de l’éducatif et de la contenance », éclaire le docteur Hugo Naudet. L’enfant souffre d’immenses troubles de l’attachement qui l’empêchent d’interagir avec les autres.

Dans l’une des chambres de l’unité, qui en compte huit. Celle-ci est occupée par un patient de 9 ans. Au CHU du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), le 13 juillet 2021.

Sa biographie, que son éducatrice de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) est venue dérouler à l’hôpital, parle pour lui. Il naît dans un squat parisien de parents clandestins. Il est tout jeune quand son père l’abandonne devant les locaux des services sociaux. Placé en famille d’accueil, il subit des attouchements. Il entre ensuite en foyer. « Walid est très rejeté mais très attachant », dit-elle. Il n’est pas capable de tenir assis sur une chaise, se déguise en princesse, adore les Barbie qu’il colorie puis détache en morceaux. Une fois par mois, il voit encore ses parents, que la fonctionnaire de l’ASE dépeint comme « aimants », mais totalement « dépassés ».

Il y a une chose que Walid aime plus que tout, ce sont les livres. Surtout les J’aime Lire. A la bibliothèque, il en emprunte toujours trop. A l’école, en CE2, sa scolarité est « saccadée », selon l’éducatrice. Il n’arrive pas à garder son masque, il est tout le temps repris à cause de ça. Et ça l’énerve. Il se lève, quitte sa classe, court dans le couloir, jette des verres d’eau sur ses camarades, a coupé courts les cheveux de la petite fille devant lui. Les enseignants ont craqué. Son exclusion définitive a été prononcée. Avec son renvoi de l’école, Walid a décompensé. En crise, l’enfant rit, puis hurle, pleure et transpire. « D’habitude, on arrive à le récupérer, mais là, on n’y arrivait plus, il se sauvait, il hurlait j’en ai marre, j’en peux plus, je veux me tuer », retrace l’éducatrice de l’ASE qui, une heure durant, a beaucoup parlé de lui. Elle en avait besoin aussi. « Je vous remercie de nous l’avoir pris un peu, parce qu’on n’en pouvait plus. La protection de l’enfance, elle ne va pas bien non plus, il y a un immense turn-over d’enfants et d’adultes », s’excuse-t-elle devant le pédopsychiatre.

Tous les horizons sociaux

Le groupe de parole du mercredi rassemble les huit jeunes dans la petite salle de jeux, autour de Stéphane Laudrin, le psychologue de l’unité, et Corinne, l’infirmière. Le thérapeute fait surgir des échanges éloquents entre ces enfants souffrants mais lucides. Il leur demande comment ils vont et revient sur les événements récents.

La veille, Neil, 14 ans, a volé un couteau au déjeuner. Les soignants s’en sont aperçus, ont aligné les patients en rang pour les faire avouer, et surtout retrouver l’objet. Il s’est dénoncé, et a extrait le couteau de sous son oreiller. « Je voulais me couper les ongles », a-t-il déclaré. « Tu ne peux rien faire avec ce couteau à bout rond », précise Enzo. « Ah si, quand tu veux, tu peux », surenchérit Emma, 15 ans, dont les manches longues peinent à cacher ses mains scarifiées. Yassine tient à alerter sur le comportement de Walid : « Cet enfant a vu des trucs, il parle tout le temps de sexe. » Walid a du chocolat sur son T-shirt, gigote de plus belle sur sa chaise, mais ne réagit pas.

« J’ai l’impression d’être à la garderie, il me manque plein de choses, ma guitare, mon chat, les repas avec mes parents », proteste Olivier, 16 ans, hospitalisé après une tentative de suicide

« De quoi avez-vous besoin ? », relance Stéphane. « J’en ai marre d’être enfermé, je pourrais avoir un sac de frappe ? », réclame Gabriel, 14 ans. « Il a été détruit par un patient le mois dernier », s’excuse Corinne. Walid commence à monter sur son siège, secoue le cadenas de l’armoire à jeux derrière lui. Il préfère être à l’hôpital qu’au foyer, « il y a moins de monde ». Hippolyte tricote avec ses doigts pour évacuer son anxiété, Enzo triture son jogging, regarde sa montre. « Il est 11 h 30, c’est fini la réunion ? On peut faire autre chose ? » « Pourquoi j’ai eu une cuillère pour manger du poulet ? Ça ne marche pas bien », regrette Walid. « C’est pour pas que tu te fasses mal »,justifie Enzo.

Dans la salle de vie du service, dans laquelle les adolescents hospitalisés peuvent se retrouver durant la journée, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), le 13 juillet 2021.

Les murs de l’Ulpij accueillent des enfants de tous les horizons sociaux. Très pauvre comme celui de Walid, mais aussi financièrement aisé comme celui d’Olivier, 16 ans. Il y aurait même « une perte de chance pour les enfants des CSP + », selon le docteur Naudet. Les familles privilégiées intègrent moins souvent les parcours de soin et de soutien à la parentalité que les autres. « En effet, il est compliqué d’imposer des mesures éducatives à des parents bac +5, car ils se montrent très rassurants devant les services sociaux, ils maîtrisent les codes. En réalité, dans leur immense majorité, ils ne sont pas plus conscients que ceux d’autres milieux des processus à l’œuvre dans la dynamique familiale », analyse-t-il.

En entretien dans le bureau du docteur Naudet, Olivier se présente sous son meilleur jour – « J’ai plein d’amis, je suis un très bon élève » –, alors que montent par la fenêtre les rires de ses camarades d’hospitalisation réunis autour du baby-foot dans la cour. « Donc tu es un bon élève, tu as plein d’amis, et tu es en psychiatrie ? », questionne doucement le médecin. « J’ai fait une tentative de suicide il y a trois semaines », commence le garçon. « Tu as fait ça dehors ? Dans ta chambre ? – Je suis allé dans l’armoire à médicaments de ma mère, j’écoutais de la musique, j’ai commencé et je n’ai pas arrêté. » Olivier a ingéré une trentaine de comprimés. « J’étais sûr que je n’allais pas mourir, c’était une alerte pour moi. La dernière solution pour qu’on m’écoute. – Et c’est quoi le déclencheur ?, poursuit le docteur Naudet. – Mes auditions par la police pour mes plaintes pour viol. Ma mémoire est blanche, j’ai du mal à me souvenir. J’ai été violé à 10 ans en colonie, depuis j’ai eu une sexualité traumatique dès 12 ans, j’ai fugué pour aller voir des messieurs. »

Incapacité à verbaliser

Les parents d’Olivier entrent dans le bureau impersonnel. Sa mère se remémore son fils comme d’un « rayon de soleil ». « On vit en apnée depuis qu’il a avoué [son viol], dans un état de terreur global », témoigne-t-elle. Ils souhaitent que leur fils reste à l’hôpital, lui veut absolument sortir. « J’ai l’impression d’être à la garderie, il me manque plein de choses, ma guitare, mon chat, les repas avec mes parents », proteste l’adolescent. Le docteur Naudet lui annonce la prolongation de son séjour. « Je refuse de rester ici, j’en peux plus », crie le jeune homme. « Comment est-ce que je peux faire pour que tu ne reviennes pas à l’hôpital ? Tu n’as pas ta place en psychiatrie, mais là tu es en crise, tu t’es mis gravement en danger. Mon devoir c’est de sécuriser les choses, que tu ne meures pas », oppose le médecin. Olivier est hospitalisé une semaine de plus.

Les passages à l’acte sont autant de messages qu’il faut savoir lire. « Le symptôme a une fonction », répète souvent Hugo Naudet, médecin de l’unité

La différence fondamentale entre la psychiatrie adulte et infantile, c’est qu’un enfant est dans l’incapacité de verbaliser ce qu’il ressent. Ses passages à l’acte sont autant de messages qu’il émet et qu’il faut savoir lire. Souvent, le jeune entre en crise aussi et surtout pour emmener ses parents à l’hôpital et obtenir l’intervention de ces tiers régulateurs que représentent les médecins. « Le symptôme a une fonction »,répète souvent le docteur Naudet.

L’atelier peinture est organisé le jeudi. « Tu es un “thug” [un voyou] toi, tu ne mets pas ta blouse », rit Yassine à côté d’Olivier. « Ça sert à rien, je suis déjà en pyjama », s’amuse-t-il. Les soignants commencent à peindre avec les patients, directement sur une toile blanche, dans un silence presque total. La peinture, les dessins et le rapport à l’image sont des éléments importants qui contribuent au diagnostic.

Par exemple, Stéphane Laudrin, le psychologue, a fait passer à Neil le test TAT, pour « Thematic Apperception Test », un outil créé par un médecin américain dans les années 1930 qui vise à confronter le patient aux représentations qu’il a en tête. Stéphane a présenté à Neil des gravures en noir et blanc. Sur l’une, une femme est assise par terre, la tête contre le lit. Neil a expliqué qu’elle était comme ça parce que son père l’avait frappée et qu’elle pleurait, alors que cette scène représente simplement la tristesse, sans cause explicite. Neil est hospitalisé car il tape sa mère adoptive et reste enfermé chez lui. « Il y a beaucoup d’histoires autour de la destruction dans son esprit », évoque le psychologue.

L’un des jeunes patients de l’unité s’apprête à quitter l’hôpital, au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), le 13 juillet 2021.

L’Ulpij pose une question difficile : celle d’enfermer, de contentionner physiquement ou de mettre en chambre d’isolement des patients qui sont encore des enfants. En faisant visiter l’unité, Doris, aide-soignante depuis vingt-cinq ans, reconnaît son côté « carcéral ». Le service est étroit et fermé, afin de mieux contenir les crises lorsqu’elles éclatent. D’un côté, les huit chambres spartiates en enfilade, équipées d’un mobilier incassable. De l’autre, la fameuse pièce de vie, puis la petite salle de jeux. Et c’est tout. Dans la cour, il y a certes un baby-foot et une table de ping-pong, mais surtout de hauts murs surmontés de grilles. « Parfois il y en a qui escaladent et s’enfuient par là, montre-t-elle en désignant le toit gris de la salle commune. On attend que la police nous les ramène, on ne peut pas leur courir après. »

« Beaucoup de privations »

Si l’aspect austère et cloîtré du lieu peut déstabiliser de prime abord, les parents sont soulagés que l’urgence soit prise en main. « C’est un service lourd pour des pathologies lourdes, qui affronte les symptômes très bruyants de l’adolescence », argumente Stéphane Laudrin. En poste depuis 1998, le psychologue a presque ouvert l’Ulpij. Il a commencé comme animateur sur la dalle d’Argenteuil, a passé son diplôme et n’a plus quitté l’unité. Au démarrage, c’était l’émeute quotidienne, des violences sur le personnel étaient commises tous les jours. Depuis, le service s’est un peu calmé, mais reste un « lieu fort, avec beaucoup de privations » : la première semaine, les jeunes n’ont ni téléphone ni de contact avec leurs parents, et doivent passer une heure et demie dans leur chambre à s’ennuyer.

À l’enjeu de l’enfermement des enfants s’ajoute celui de leurs traitements : des « armes nucléaires », de redoutables antipsychotiques

Des graffitis réalisés par les adolescents lors de leur séjour à l’unité pédopsychiatrique du Kremlin-Bicêtre.

L’Ulpij permet l’évaluation d’un jeune qui va mal, en lui offrant de décompenser sans danger et de lui apporter des solutions. « Nous avons cette double image : soit de radicaux qui enfermons les enfants, soit de psys tout puissants qui allons intégralement réparer les gamins et les rendre à la société propres comme des sous neufs. Les deux sont fausses. La pédopsychiatrie d’urgence, ça rend surtout très humble », développe Stéphane Laudrin. L’unité fait aussi apparaître des situations critiques sur les écrans des services sociaux, le service déclenchant deux à trois alertes par semaine auprès du procureur de la République ou de l’ASE.

A l’enjeu de l’enfermement des enfants s’ajoute celui de leurs traitements. De ces « armes nucléaires » que sont des molécules comme le Tercian ou le Risperdal, de redoutables antipsychotiques consommés par la plupart des résidents avant leur arrivée. « Comment ça va, Emma ? », interroge le docteur Naudet. « J’ai arrêté mes bêtises. Ma tête, elle m’a dit d’arrêter mes bêtises. Je me suis rescarifiée, je n’en suis pas fière mais c’est la vie. » Le débit d’Emma est ralenti. Ses mains lardées de cicatrices. Son ordonnance contient sept lignes différentes, dont quatre neuroleptiques et deux benzodiazépines. « Pourquoi est-ce qu’on t’hospitalise, Emma ? – Pour réguler mes médicaments, je sais, mais depuis que vous les avez baissés, je ne me sens pas bien », murmure la jeune fille. « Le problème des neuroleptiques, c’est que quand ils y vont, ils en reviennent rarement. Ils sont une réponse pertinente à l’agitation ou au délire, mais pas au malheur, ni à la carence, ni aux difficultés d’ajustement à l’autre », regrette le docteur Naudet, devant la surcharge médicamenteuse de l’adolescente.

Vendredi, dernier jour de la semaine, celui de l’atelier pâtisserie pour les enfants. A la réunion de transmission du matin, il y a du café et des viennoiseries. Emma ne va pas bien. Elle a passé la soirée à répéter à Karima, l’infirmière, qu’elle avait envie de se scarifier. Une douche, un glaçon dans la main, rien n’y a fait. Elle sollicite les médicaments comme des bonbons. « Ses bras sont dans un état pas possible », détaille Karima.

Un adolescent quitte l’Ulpij, le 13 juillet 2021. Quand ces jeunes patients quittent le service, ils rejoignent ensuite le circuit de la pédopsychiatrie de ville.

Yassine a réclamé son parfum. Il veut sentir bon pour Clémentine. Il y a un mois, l’adolescente a révélé un viol subi deux ans auparavant. Lui a demandé à rallonger son hospitalisation pour rester avec elle. Mais aujourd’hui, Yassine sortira quand même.


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