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mercredi 21 juillet 2021

Le sport cérébral efficace pour différer la maladie d’Alzheimer

Par   Publié le 20 juillet 2021

La pratique d’activités intellectuelles comme la lecture ou les jeux, à un âge avancé, permet de retarder jusqu’à cinq ans l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer, selon une étude de cohorte américaine.

Des joueurs de Scrabble lors des championnats du monde, le 29 août 2016, au Grand Palais de Lille.

Lisez (Le Monde, des livres, des magazines…) ; écrivez des lettres ; jouez aux cartes ou à des jeux de plateau ; faites des puzzles… Bref, faites travailler votre cerveau, quel que soit votre âge. Une étude prospective, publiée en ligne le 14 juillet dans Neurology, la revue de l’Académie américaine de neurologie, conclut que pratiquer des activités intellectuellement stimulantes à un âge avancé retarde de cinq ans l’apparition des signes cliniques de la maladie d’Alzheimer (MA).

Alors que cette maladie neurodégénérative, qui touche environ 50 millions de personnes dans le monde (1,2 million en France selon Santé Publique France) ne dispose quasiment d’aucun traitement permettant de ralentir son évolution (l’efficacité de l’aducanumab, autorisé en juin aux Etats-Unis, reste controversée), la recherche met aussi l’accent sur la prévention.

Ces dernières années, des études confirmées ont ainsi établi que plus d’un tiers des nouveaux cas pourraient être prévenus en luttant contre les facteurs de risque cardiovasculaires, principalement le tabac, la sédentarité, l’hypertension artérielle et le diabète. Il a par ailleurs été montré que les premiers symptômes d’une MA apparaissent d’autant plus tardivement que la durée des études est longue. L’activité intellectuelle augmente en effet la performance des connexions neuronales, ce qui permet aux individus de résister plus longtemps à un processus neurodégénératif. C’est le concept de réserve cognitive.

Quid de l’effet d’activités intellectuelles à un âge tardif ? Pour l’étudier, l’équipe de Robert Wilson (université Rush, Chicago, Etats-Unis) a suivi pendant sept ans en moyenne 1903 personnes âgées, non atteintes au départ de MA. Ces volontaires ont rempli un questionnaire en sept items portant sur leurs habitudes de lecture et d’autres activités cognitives comme les jeux de société et l’écriture de lettres. Le test était noté sur une échelle de 1 à 5, en fonction de la fréquence de pratique.

Réduire la prévalence et le coût

Pendant la période d’étude, où ils ont subi des examens annuels, 457 participants ont déclaré une maladie d’Alzheimer. Les symptômes sont apparus en moyenne à 88,6 ans chez ceux avec une activité cognitive faible (score 2,1 sur 5), contre 93,6 ans dans le groupe avec un score élevé (4), soit cinq ans d’écart. Les conclusions restaient inchangées en tenant compte de variables comme le niveau d’éducation et l’intensité des relations sociales.

« Nos données suggèrent que l’association entre l’activité cognitive et l’âge d’apparition de la maladie d’Alzheimer est principalement déterminée par l’activité cognitive tard dans la vie », écrivent Robert Wilson et ses coauteurs, en soulignant que leur étude porte sur une population sélectionnée : la majorité des participants sont des Blancs, avec un niveau d’éducation plutôt élevé.

En matière de santé publique, l’impact de cette prévention par le « sport cérébral » pourrait être colossal. Selon ces chercheurs américains, décaler de cinq ans l’apparition de la maladie d’Alzheimer pourrait en effet réduire sa prévalence de 41 %, et son coût de 40 %. Pour Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, et directeur général de la Fondation Alzheimer, il s’agit d’un travail solide, dont l’un des points forts est d’être prospectif. « Leurs résultats relativisent les effets de la durée des études, sans les amoindrir, et mettent l’accent sur les bénéfices de la stimulation cérébrale à un âge avancé », résume ce spécialiste des maladies du vieillissement, également auteur du Guide anti-Alzheimer (Cherche Midi, 2018).

« Stimuler son cerveau est bénéfique à tout âge, et il a été montré que l’activité la plus complète est la lecture, qu’il s’agisse d’un journal ou d’un livre, sur papier ou sur écran », dit encore le professeur Amouyel.


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