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jeudi 27 février 2020

Stress post-traumatique : une nouvelle piste de compréhension

Univadis

Serge Cannasse    25 févr. 2020

Pourquoi certaines personnes ayant vécu un traumatisme souffrent-elles de trouble de stress post-traumatique (TSPT) alors que d’autres ne le développent jamais ? Les modèles explicatifs dominants postulent que la résurgence intempestive des images et pensées intrusives, caractéristique du trouble, est liée à un dysfonctionnement de la mémoire : elle rejoue en boucle le traumatisme, malgré les efforts des patients pour en chasser le souvenir. Une équipe CNRS/Inserm/Hesam Université publie dans Science un travail qui suggère un défaut de régulation de la mémoire plutôt qu’une défaillance de celle-ci.

Leur travail prend place dans le programme transdisciplinaire 13 novembre, en réponse à un appel à projet de la direction du CNRS pour apporter la contribution des scientifiques aux conséquences des attentats du 13 novembre 2015 sur les survivants et les témoins. Au sein de ce programme, l’ambition de l’équipe est d’identifier les facteurs de protection et les marqueurs cérébraux associés à la résilience au traumatisme. Ils ont constitué un panel de 102 survivants des attentats de Paris, dont 55 souffrant de TSPT, et de 73 personnes n’ayant pas été exposés aux attentats. Tous ont accepté de passer une IRM cérébrale au cours d’une épreuve dite « Think/No-Think ».


Elle a pour but de créer une « intrusion cérébrale ». Il est demandé aux participants de mémoriser des paires de mots désignant des objets familiers sans rapport entre eux (par exemple, bateau et ballon). Confrontés à un des deux mots (mot indice), ils pensent aussitôt à l’image de l’objet associé à l’autre mot (l’intrus). Il leur est ensuite demandé de chasser et supprimer l’image intrusive. Bien entendu, pour des raisons éthiques, les mots choisis n’ont aucun lien avec les images de l’attentat.

Les chercheurs ont examiné les connexions entre les zones cérébrales chargées des souvenirs, notamment l’hippocampe, et les régions cérébrales de contrôle, situées dans le cortex frontal. Chez les individus souffrant de TSPT, ces connexions sont très limitées, alors que chez les individus n’ayant pas vécu le traumatisme, elles sont très présentes, ainsi que chez ceux l’ayant vécu mais n’ayant pas de TSPT.

Pour les auteurs de l’étude, cela suggère que le problème réside dans le contrôle des mécanismes de la mémoire et non dans un dysfonctionnement de celle-ci. Les patients ayant un TSPT seraient constamment en état d’essai de « suppression » de la mémoire afin de compenser la défaillance de son mécanisme de contrôle. 

La prochaine étape sera de savoir si cette difficulté de contrôle préexiste ou non au traumatisme. De plus, les chercheurs se proposent de confronter leurs données à celles issues des autres études du programme 13 novembre, en particulier celles relatives à la mémoire collective, et non plus seulement individuelle. L’objectif est de repérer des facteurs de vulnérabilité et de résilience, ainsi que d’identifier des méthodes thérapeutiques.

Références Disclaimer
Stress post-traumatique. Nouvelles pistes pour comprendre la résilience au trauma. CNRS/Inserm/Hesam Université. Dossier de presse, 13 février 2020.

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