Ils sont si jeunes, de 12 à 17 ans. En situation de détresse extrême, ils ont sombré dans la dépression, les scarifications, les violences, les drogues, les tentatives de suicide. Plus de 80 % sont arrivés via les urgences pédiatriques ou psychiatriques dans le centre hospitalier Charles-Perrens, à Bordeaux, novateur, atypique, efficace. Mais limité. En pédopsychiatrie, on ne compte que 15 praticiens pour 100 000 jeunes, alors que 15 à 17 % d’entre eux connaissent un épisode dépressif. En France, 1 430 adolescents sont hospitalisés à temps complet. Les unités sont saturées et cette structure récente apparaît souvent comme le dernier recours.
Son drap lui a été retiré, tout comme sa couverture, remplacés par les deux boutis matelassés bleus du « kit anti-suicide ». Et, chaque fois qu’elle est seule dans sa chambre, Camille* doit désormais rendre ses vêtements et enfiler un pyjama en papier. Ce samedi matin, sur la grande table du poste de soins, deux longues vis de 8 centimètres sont posées près d’un morceau de plastique coupant qu’elle a elle-même remis aux soignants. « Les vis venaient de l’interrupteur ; le plastique, du contreplaqué de la fenêtre », explique Delphine, l’infirmière. Camille aurait pu se faire très mal avec… Deux jours plus tôt, la jeune fille aux bras couverts de plaies profondes et d’hématomes a déjà fait une tentative de suicide (TS) avec son drap, qu’elle avait déchiré et attaché au sommier de son lit avant de le passer autour de son cou. Depuis, elle est dans la chambre 110, la plus proche du poste de soins, tour de contrôle du service. Son traitement va être réévalué et on va augmenter ses sédatifs.
L’unité psychiatrique pour adolescents Upsilon regroupe 15 lits. « On accueille des ados qui ont voulu se tuer, qui sont atteints de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), de troubles anxieux vis-à-vis de la scolarité pouvant les mener jusqu’à la déscolarisation ; des enfants qui s’auto-agressent en se scarifiant, qui consomment des drogues. Certains ont été témoins ou victimes d’actes graves, de maltraitance de diverses natures », précise le Pr Manuel Bouvard, chef du pôle psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.
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