25/02/2020
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Les découvertes récentes sur l’origine de l’espèce humaine révèlent le rôle central joué par la femme dans l’évolution.
C’est Pascal Picq qui fait le point dans un livre paru chez Flammarion sous le titre Sapiens face à Sapiens. Il en parle dans les pages idées de L’Obs, notamment à propos de la transformation des corps, due à « un ensemble de facteurs biologiques, physiologiques, cognitifs, sociaux et bien sûr alimentaires ». Une évolution qui se déploie sur tous ces fronts avec Homo erectus, il y a environ 1,8 millions d’années. Son allure athlétique, le volume de son cerveau – organe très énergivore – qui augmente, accroissent encore ses capacités d’adaptation. C’est en particulier « la maîtrise du feu et la cuisson des aliments qui, en soulageant la mastication et la digestion, ont permis de bien meilleurs apports énergétiques ». Or, la cuisson « joue aussi un rôle important dans la cognition et les relations sociales ». On ne peut pas pour autant attribuer aux seules femmes cet aspect de l’évolution car rien ne prouve que la division des tâches ait été liée au genre – les hommes à la chasse, les femmes aux fourneaux. Le paléoanthropologue estime qu’il est « plus plausible que les travaux aient été répartis par classe d’âge ». Et les outils, par exemple, n’étaient pas l’apanage des hommes, ne serait-ce que parce qu’ils servaient surtout à la préparation des végétaux. S’il est vrai, comme l’écrit le psychiatre et éthologue Rolf Schäppi, que « la femme est le propre de l’homme », au sens de son rôle crucial et longtemps ignoré dans l’évolution, c’est aussi en raison des transformations de son corps.
C’est de la métamorphose féminine qu’est née l’humanité. (Pascal Picq)
Vus de dos, rien ne distingue un jeune mâle chimpanzé d’une femelle, « tandis qu’à l’adolescence le corps des jeunes filles prend une forme caractéristique de violoncelle, avec des hanches et une poitrine développées ». Autre singularité : « les femmes sont sexuellement actives en permanence ; elles ne ressentent pas l’œstrus, la période de fertilité », une « innovation biologique » qui n’est pas restée sans conséquences sociales, « les groupes se structurant toujours autour de la sexualité ».
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