Actuellement, 13 % des adultes à travers le monde souffrent d’obésité, soit 3 fois plus qu’en 1975. L’obésité est associée à une augmentation du risque de diabète de type 2, de pathologie cardiovasculaire, de certains cancers et de décès prématuré. Les patients souffrant d’obésité sévère et complexe (IMC ≥ 40, ou entre 35 et 40 avec une comorbidité) paient le plus lourd tribut et ont le risque de décès prématuré le plus élevé.
La chirurgie bariatrique a prouvé son efficacité sur le plan clinique pour les patients souffrant d’obésité morbide et on y a de plus en plus fréquemment recours. Les conséquences psychologiques et sociales de ce type de chirurgie sont moins bien connues. Si l’on sait que le suivi de ces patients est important, il n’existe que des données limitées concernant la façon dont il doit être mené, particulièrement du point de vue psycho-social. Pour avancer sur ce point, une équipe du Royaume-Uni a mené une étude qualitative explorant le ressenti des patients après une chirurgie bariatrique et notamment sur certains aspects importants de leur suivi à long terme. Il s’agit d’interviews semi-structurées menées auprès de patients suivis dans 2 hôpitaux publics du Sud de l’Angleterre. Au total 17 adultes (10 femmes) ont accepté d’y participer. Les 3 types de chirurgie étaient représentés (anneau gastrique, sleeve-gastrectomy, bypass).
Abandon et d’isolement
Les participants reconnaissent que l’intervention a eu des conséquences sur leur santé physique et psychologique, sur leur comportement alimentaire et leurs activités sociales. Deux tendances dominent : l’accès à la normalité et une certaine ambivalence. Nombre de participants expriment en effet leur soulagement à se sentir « plus normaux » à certains égards (notamment pour entreprendre des activités quotidiennes), mais « moins normaux » dans quelques autres domaines comme lorsqu’il s’agit de partager un repas en famille ou autre. Les participants reconnaissent de nombreux changements positifs en terme de santé, mais ils soulignent aussi certains écueils : par exemple, ils ne peuvent plus compter sur l’alimentation comme moyen de « gérer les émotions ». L’excès de peau est ressenti comme une difformité corporelle. Le caractère de certaines relations avec autrui peut être modifié.
Ces difficultés apportent un éclairage sur l’ambivalence de la vie après une chirurgie bariatrique. Elles révèlent aussi des insuffisances dans le suivi. Bien que certains relatent des expériences de suivi positives, la majorité des patients évoquent une sensation d’abandon et d’isolement. Ils se sentent notamment peu aidés dans la gestion des problèmes post-chirurgicaux (en dehors des complications graves), peu soutenus pour modifier leur mode de vie à long terme, mal compris par leur médecin généraliste et par leurs proches. Toutefois, malgré ces difficultés, aucun participant ne regrette d’avoir eu recours à la chirurgie bariatrique.
Cette étude met en lumière les besoins des patients et peut ainsi contribuer à l’élaboration de protocoles de suivis post-chirurgicaux au long cours, en prenant en compte de l’impact multidimensionnel de la chirurgie bariatrique.
Dr Roseline Péluchon
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