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mercredi 26 février 2020

Quel est le sujet de la pièce « Les folles de la Salpêtrière & leurs soeurs » ?

50 – 50 Magazine









Sarah Pèpe : « On a dépossédé les femmes de leur désir »

Au travers d’un personnage traversant les époques, le spectacle « Les folles de la Salpêtrière & leurs sœurs » explore la question de la médicalisation de la sexualité féminine et met en scène la domination masculine sur le corps des femmes. Rencontre avec Sarah Pèpe, autrice, comédienne et metteuse en scène de la pièce, qui se joue sur les planches du Local Théâtre à Paris.
Quel est le sujet de la pièce « Les folles de la Salpêtrière & leurs soeurs » ? 
Avec cette pièce, j’ai voulu explorer la question de la médicalisation de la sexualité féminine, en partant du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Je me suis appuyée sur trois grandes controverses : la querelle de l’hystérie au XIXe siècle, la question de l’orgasme vaginal ou clitoridien autour de la psychanalyse au XXe siècle, et enfin, la mise sur le marché, en 2015 aux États-Unis, de la « pilule rose », censée être l’équivalent du Viagra pour les femmes. 
Comment vous est venue l’idée d’écrire une pièce sur ce sujet ? 
Je lisais l’Histoire de la sexualité de Michel Foucault, à un moment, il dit qu’il va s’intéresser à l’hystérisation du corps des femmes, et il change finalement d’idée en cours de route, donc je suis un peu restée sur ma faim. Cela m’a donné envie d’explorer la question et je me suis demandée comment on pouvait comprendre l’augmentation impressionnante du nombre de femmes touchées par l’hystérie au XIXe siècle : quel est le paradigme qui a changé pour que l’on arrive à avoir autant de femmes malades ? Et j’ai alors commencé à envisager comment on sanctionne l’écart par rapport à la norme imposée en pathologisant cet écart. La définition de la maladie renforce un ordre moral, dans lequel les femmes sont assignées à certaines places/rôles. Quand on remonte l’histoire de l’hystérie, on se rend compte que dès l’Antiquité, on a considéré le corps de l’homme comme parfait et celui de la femme imparfait mais aussi dysfonctionnel, inconstant, sujet à variations. Et on a pathologisé son comportement notamment autour de la question de la sexualité et du plaisir.

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