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mardi 26 février 2019

L'appel de médecins spécialistes à fermer les maternités « dangereuses » et à refuser la « démagogie »

Cyrille Dupuis
| 25.02.2019



MATERNITE
Crédit Photo : S. Toubon

C'est un soutien médical fort à la politique de fermeture des petites maternités pour raisons de sécurité. Dans une tribune au « Parisien-Aujourd’hui en France », intitulée « Le maintien de certaines maternités est dangereux », une vingtaine de représentants de praticiens* – leaders syndicaux, responsables de collèges professionnels – en charge des maternités alertent explicitement sur la qualité inégale du réseau périnatal.

Mise en danger de la vie des femmes
« En tant que représentants des médecins en charge des maternités, nous sommes inquiets du maintien de certaines maternités mettant en danger la vie des femmes et des nouveau-nés », peut-on lire.
Le message est clair : dans le débat entre proximité et sécurité, c'est le second critère qui doit primer dans les arbitrages. « La question qui doit prévaloir est la capacité de la maternité d’offrir une organisation vingt-quatre heures sur vingt-quatre répondant aux critères de qualité/sécurité de la Haute autorité de santé, écrivent les praticiens. La proximité n’est pas le seul élément de sécurité, mais c’est bien la qualité du réseau périnatal, le recours aux ressources humaines médicales nécessaires qui doit en permanence assurer une qualité égale sur tous les territoires. »
Cette prise de position intervient peu après des propos similaires assumés par Agnès Buzyn. À Sciences Po, mercredi dernier, la ministre a défendu les fermetures « pour du mieux en termes de qualité », expliquant que beaucoup de structures « n'intéressent plus les professionnels » en raison de leur faible activité. « En réalité, ces maternités reposent sur des intérimaires qui ne sont parfois pas fiables », a-t-elle expliqué avant de dénoncer le « faux service public » qu'elles représentent.
Seuils pas en place partout
Selon les médecins auteurs de la tribune, certaines structures ne sont plus à la hauteur des attentes, avec de vrais risques médicaux associés. « Depuis 1998, le secteur hospitalier a connu une restructuration profonde mais le seuil minimal de ressources humaines recommandé pour assurer la sécurité et la qualité des activités non programmées en gynécologie-obstétrique n’est pas mis en place partout, notamment du fait d’une démographie médicale défavorable, peut-on lire. Nous assistons à une dégradation des conditions d’exercice dans les hôpitaux, avec pour conséquence une désaffection de l’activité obstétricale, une fuite des médecins et la difficulté de recruter ».
Le gouvernement semble décidé à agir dans ce domaine. L'article 9 de la loi de santé, qui sera débattue à partir du 18 mars à l'Assemblée nationale, habilite l'exécutif à prendre des ordonnances pour modifier le régime des autorisations des activités de soins et des équipements lourds. Certains y voient une étape vers la fermeture de services ou d'établissements.
Pas de pédiatre de garde, contrats intérimaires
Selon les signataires, des pratiques à risques se sont déjà développées à mots couverts, auxquelles il convient de mettre un terme. « Ne pas accepter les restructurations, c’est passer sous silence l’assouplissement de critères de sécurité où des maternités fonctionnent parfois sans pédiatre de garde, la baisse de niveau de qualification des acteurs, la multiplication des contrats intérimaires aux coûts onéreux qui, malgré leur aide, ne peuvent remplacer une équipe multidisciplinaire stable ».
Trop fréquemment surtout, les enjeux de politique locale (l'emploi) prennent le pas sur les enjeux médicaux et de sécurité. « Nous déplorons que trop souvent le projet retenu par l’agence régionale de santé soit le reflet de l’avis politique et non des soignants », dénoncent les signataires.
Ces derniers font valoir que le maillage des maternités publiques et privées permet déjà de garantir la facilité d’accès pour l’accouchement. Mais la proximité, insistent-ils, c’est aussi l’amélioration de la voirie ou la qualité des transferts. À cet égard, « les urgentistes des SAMU et des SMUR jouent un rôle essentiel », tout comme l’alternative de « transport par hélicoptère ou l’offre d’hébergement temporaire » à proximité des maternités. Des solutions qui méritent d'être développées. La tribune s'achève par un appel à refuser « la démagogie ».
Christian-Michel Arnaud, Syndicat national des anesthésistes-réanimateurs (SNARF), François Braun (SAMU-Urgences de France), Xavier Capdevila (Société française d’anesthésie et de réanimation), Denis Cazaban (Syndicat des médecins anesthésistes-réanimateurs non universitaires), Olivier Claris, chef de service de néonatologie et de réanimation néonatale au CHU de Lyon, Thierry Debillon (Société française de médecine périnatale), Jeremy Do Cao, Association des juniors en pédiatrie, Bertrand de Rochambeau (Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France), Laurent Heyer (Conseil national professionnel d’anesthésie-réanimation), Pascale Le Pors (Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France), Emanuel Loeb (Jeunes médecins), Israël Nisand (Collège national des gynécologues et obstétriciens français), Renaud Péquignot (Avenir hospitalier), Benoît Plaud (Collège national des enseignants d’anesthésie-réanimation), Jean-Christophe Rozé, professeur de pédiatrie à l’université de Nantes, Élie Saliba (Société française de néonatologie), Gabriel Saiydoun (Conseil national des jeunes chirurgiens), Michèle Scheffler (Conseil national professionnel de gynécologie et obstétrique), Jacques Trévidic (Confédération des praticiens des hôpitaux et d’Action praticiens hôpital), Franck Verdonk (Syndicat des jeunes anesthésistes-réanimateurs), Anne Wernet (Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs). 

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