Réalisée au Canada, une étude de cohorte rétrospective a évalué l’accès aux soins psychiatriques parmi les détenus. En effet, comme dans la plupart des pays, la population carcérale du Canada est souvent concernée (pour environ 12 à 14 % des prisonniers) par des problèmes de santé mentale : troubles anxieux, dépression, maladie bipolaire, psychose… Et les groupes ayant généralement le plus faible accès aux services de prévention et de soins en psychiatrie (comme les jeunes, les minorités ethniques et les sujets de sexe masculin) sont statistiquement sur-représentés dans les prisons, au Canada comme ailleurs. MS Martin et coll. l’ont vérifié, en constatant que ces groupes ont moins tendance à auto-déclarer leurs besoins de dépistage ou de soins psychiatriques et –phénomène encore plus préoccupant – que ces mêmes sujets sont aussi moins susceptibles de recevoir un traitement, y compris quand ces besoins sont déclarés.
Des différences géographiques
Si cette enquête épidémiologique ne montre que des différences minimes en matière d’accès aux soins en fonction de l’âge des prisonniers, elle révèle toutefois quelques nuances géographiques : par exemple, les taux de traitement sont plus élevés dans le Canada atlantique et en Ontario et les pourcentages de détenus auto-déclarant des besoins sans recevoir de traitement sont plus importants dans les régions atlantiques, du Québec, et du Pacifique.
Les auteurs estiment que leur enquête suggère l’existence probable de lacunes des ressources ou/et de différences dans le rendement du dépistage des besoins de santé mentale en prison, selon les groupes démographiques et les régions. Et, paradoxalement, il est possible que le dépistage systématique de ces besoins ne permette pas toujours de réduire les différences dans l’accès aux soins entre les divers groupes de détenus, mais puisse au contraire contribuer à élargir parfois la perception de ces différences.
Dr Alain Cohen
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