La dyspepsie fonctionnelle se caractérise par une sensation de plénitude et des nausées postprandiales, des ballonnements, une satiété précoce, des douleurs épigastriques, notamment après des aliments riches en lipides ; le tout en l’absence d’anomalies organiques gastrointestinales.
Les auteurs ont exploré l’impact de la consommation de yaourts riches ou pauvres en lipides dans l’apparition des symptômes chez 12 patients, et l’influence de l’information « pauvre » ou « riche » en matières grasses. Les yaourts de 200 g contenaient 0,1 ou 10 % de lipides. Leur étiquetage était tantôt correct (allégé ou entier), tantôt erroné. Ainsi, au cours de 4 sessions, les patients ont respectivement testé un yaourt : entier étiqueté entier, entier étiqueté allégé, allégé étiqueté allégé, et allégé étiqueté entier. Quatorze témoins non dyspeptiques ont aussi été étudiés. Tous ont été évalués en imagerie cérébrale.
La force de l’étiquette
Comme attendu, avec la prise de yaourts, les symptômes dyspeptiques sont plus importants chez les patients. Cependant, ils dépendent de l’étiquetage. Ils sont plus importants après prise du yaourt étiqueté « entier » comparé à la consommation du yaourt étiqueté « allégé », quel que soit le contenu réel en lipides, suggérant un effet placebo de l’étiquetage allégé ou un effet nocebo sur l’information « entier ». Le rassasiement reste plus important avec les yaourts réellement entiers que réellement allégés.
En imagerie, les patients se distinguent des témoins par des différences d’activité et de connectivité fonctionnelle cérébrale après ingestion de yaourts parfois liées, encore une fois, à la composition supposée et non réelle, du produit. Point important, ces variations sont corrélées aux symptômes dyspeptiques, à l’envie irrépressible de nourriture et aux symptômes dépressifs, davantage présents chez les patients. Le yaourt « allégé » pourrait aussi être valorisé par le système neurophysiologique de récompense.
Ainsi, ces résultats soulignent l’importance de la perception psychologique des aliments, sur la survenue des symptômes dyspeptiques. Certes dans cette étude, l’effectif de l’échantillon est faible, et seul un type d’aliment a été étudié. Néanmoins, ils laissent présumer de l’importance de la perception cognitive des graisses, de la dépression, de la modification de l’activité cérébrale dans la pathogénie de cette affection.
Dr Viviane de La Guéronnière
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