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mardi 10 juillet 2018

Sylvothérapie : ça sent le sapin

Par Emmanuèle Peyret — 
Saint-Martin-Vésubie en octobre 2017.
2017. Photo Valery Hache. AFP 

Selon le magazine «Sciences et avenir», la pratique de la sylvothérapie (se soigner par les arbres) serait tout-à-fait dangereuse. Voire mortelle.

Déjà, faire des bisous aux arbres qui n'ont rien demandé en les enserrant avec force sentiments et rester comme ça tendrement, front appuyé contre son tronc qui dégage de la bonne vibe, c'est un peu grotesque. Mais bon, pas tellement plus que n'importe quelle pratique de «reconnexion» avec la nature (le plus simple étant encore d'habiter la campagne). Mais voilà que Sciences et avenir, le magazine scientifique (qui donc sait ce qu'il dit contrairement à certains gourous qui font raquer les citadins pour aller tripoter des troncs) lâche une bombe en rase campagne : «Embrasser un feuillu ou un conifère n’est pas sans danger ! L’étreinte, surtout si elle est pratiquée en short et manches courtes, risque de tourner court tant les troncs abritent de nombreux périls irritants, urticants… voire mortels.» Oui, tu as cinq minutes pour ricaner.

Et alors pourquoi ce serait dangereux ? Parce que, explique Christophe Bouget, chercheur au laboratoire Écosystèmes forestiers EFNO de l'Institut national de recherches en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture de Nogent-sur-Vernisson (Loiret), cité par le magazine, il y a potentiellement dans les écorces des chênes ou des charmes par exemple, «une frullania, une mousse qui provoque de fortes démangeaisons pouvant s’étendre au-delà des zones du corps qui ont été touchées».

Cloques, inflammations, enflures

De fait, on n'a jamais vu un bûcheron se livrer à ce genre de pratiques, eux savent bien que le frullanolide est un allergène responsable de dermatites de contact allergique. Et le magazine de remettre une couche de feuille                                                                                   s par dessus : dans une publication de l'Institut national de recherche et de sécurité de l'hôpital Cochin, une dermatologue pointe une farandole de substances allergènes qui peuvent provoquer des réactions violentes, certaines se trouvant aussi «chez les lichens du genre Evernia, Parmelia, Cladonia ou encore Usnea, qui poussent notamment sur les troncs de chênes et produisent des acides très allergisants». Au Québec, les autorités recommandent de se laver très vite si contact, sinon c'est cloques, inflammations, enflures etc.
Sans pitié pour l'avenir des sylvothérapeutes, Sciences et avenir s'attaque ensuite au mancenillier, qui a pourtant l'air inoffensif. L'air d'un arbre, quoi. «Membre de la famille des Euphorbiaceae, il produit un latex extrêmement toxique qui lui vaut le surnom d’"arbre de la mort". Partout où il est présent, les offices de tourisme recommandent de ne pas s’abriter sous ses branches en cas de pluie car le ruissellement de sa sève provoque à coup sûr des brûlures.» Et je ne te facture pas cette saloperie de chenille processionnaire du pin par exemple, dont les petits poils urticants se logent sur la peau, provoquent des démangeaisons atroces, «libère la thaumétopoéine, une toxine qui s’immisce dans l’organisme. La substance peut alors provoquer un œdème et – dans 2 à 3% des cas – provoquer une réaction anaphylactique selon l'Inra», c'est-à-dire un choc allergique majeur pouvant engager le pronostic vital. Tout ça pour une balade en forêt, plus les tiques qu'on peut se choper (maladie de Lyme), ça fait un peu réfléchir à la prochaine sortie en forêt de Chantilly.

Frelons et mambas

Avec ça, le magazine rappelle qu'un arbre peut aussi abriter un nid de frelons ou dans certaines parties du monde (mais pas à Chantilly) le redoutable mamba noir, l'un des serpents les plus venimeux de la terre. Bref, la sylvothérapie en prend un coup sur la branche. Alors que les sites promettent de «gérer le stress nerveux tout en douceur, pour prendre soin de soi et des autres d’une manière 100 % naturelle, pour se relier à la nature, aux arbres, à l’arbre qui est en nous et à notre nature…» Tu m'excuses, mais je n'ai pas d'arbre en moi et finalement je déteste la nature.

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