| 21.07.2017
Crédit Photo : AFP
Le Défenseur des droits Jacques Toubon a critiqué ce 21 juillet le refus du gouvernement d'ouvrir de nouveaux centres d'accueils pour migrants, notamment à Calais.
Le Défenseur des droits s'exprimait à l'issue d'une visite du centre humanitaire de premier accueil de la Chapelle, qui, confronté à une accélération des arrivées sur Paris, et à d'insuffisantes orientations en province, s'est retrouvé régulièrement saturé, et a connu plusieurs évacuations ces derniers mois (2 700 personnes pour la dernière en juillet) - ce qui n'empêche pas les campements informels de se reformer autour.
Plaidoyer pour garantir des droits universels
Le Plan « migrants » du gouvernement prévoit plus de 12 000 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile et les réfugiés d'ici 2019, ainsi qu'une refonte de la politique d'intégration (avec par exemple, le doublement du volume des cours de français). Mais le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a refusé toute réouverture de centre pour migrants, notamment à Calais, qui risquerait selon lui de faire un « appel d'air ».
« Cette thèse (de l'appel d'air) s'est toujours avérée fausse », a déclaré Jacques Toubon. « Tout, au contraire, démontre que ce qui fait la migration, c'est la nécessité vitale de fuir son pays, la situation politique, la guerre, les inondations, les sécheresses, la famine, la négation des droits des femmes et des homosexuels… Ce n'est pas du tout l'appel d'air qui joue », a-t-il rappelé.
Défense du centre humanitaire de la Chapelle
Selon le Défenseur des droits, cette hypothèse de l'appel d'air permet au pouvoir de limiter la prise en charge au minimum, et de la déléguer de fait à des associations. Et de juger « décevant » le plan du gouvernement, auquel manque « ce qui est indispensable, c’est-à-dire la mise en place d'un certain nombre de plates-formes, de centres d'accueil, d'information et d'orientation, qui sont la seule façon de fournir aux personnes qui arrivent en France leurs droits fondamentaux de mise à l'abri, de sécurité, d'accès à la santé, à la nourriture et à la propreté ». « Les droits fondamentaux doivent être mis en place pour tous les migrants », a-t-il insisté, dès leur entrée en France. « C'est une obligation de l'État français comme de tous les autres car ce sont des droits universels », a-t-il argumenté.
Jacques Toubon a enfin estimé que le centre de premier accueil (CPA) de la Chapelle « est un exemple de ce qu'il faudrait faire dans 5, 10 ou 15 endroits en France pour réaliser cet accueil ».
Entre novembre 2016 et juin 2017, Médecins du monde a contribué à l'accueil médical des migrants, aux côtés du SAMU-Social de Paris (retrouvez notre reportage ici). Plus de 3 600 hommes seuls ont effectué un bilan infirmier (par les équipes du SAMU Social de Paris) dont près de 80 % d’entre eux ont été orientés vers les équipes de MDM (soit 2 832 consultations médicales). Plus de 200 consultations en santé mentale ont également été réalisées révélant que près d’une personne en exil sur deux présentait des signes de syndromes post-traumatiques. Depuis le 1er juillet, MDM a confié au droit commun cette activité médicale, et amplifié ses activités dans la rue. « Il faut ouvrir au plus vite plusieurs dispositifs d’accueil inconditionnel et d’orientation dans d’autres grandes villes de France qui puissent rendre effectif un accès aux droits », estime le Dr Françoise Sivignon, présidente de MDM.
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