| 26.01.2017
Une IRM fonctionnelle permettrait de prédire si des patients vont bien répondre à une thérapie à base d’antidépresseurs d’après une étude récemment parue dans la revue Brain.
En effet, les médicaments employés pour traiter les troubles dépressifs prennent 8 à 12 semaines avant d’agir et les patients peuvent également ne pas répondre aux traitements ou souffrir d’effets secondaires. Ainsi, « être capable de prédire à l’avance comment les malades vont réagir aux médicaments pourrait permettre de réduire le temps nécessaire pour que les patients se sentent mieux et de diminuer les coûts des soins de santé », argue le Pr Scott Langenecker, un des auteurs de l’étude. Or, des travaux antérieurs ont utilisé des IRM fonctionnelles pour identifier les zones du cerveau qui s’avèrent hyperactives ou au contraire silencieuses chez les personnes atteintes de troubles dépressifs.
L'activité du cerveau en cas d'erreur commise liée à la réponse au traitement
Des scientifiques de l’université de l'Illinois à Chicago et de l’université du Michigan ont donc fait passer ce type d’IRM à 36 individus adultes souffrant de dépression qui ne suivaient aucun traitement médicamenteux à ce moment précis. Durant l’examen, ils ont demandé aux participants de regarder quelle lettre X, Y ou Z apparaissaient sur l’écran. Ceux-ci devaient ensuite appuyer sur un bouton chaque fois qu’ils apercevaient une lettre mais ne devaient en aucun cas réappuyer si la même lettre apparaissait une seconde fois. Les spécialistes ont ainsi pu observer quelles zones du cerveau étaient activées lorsque l’on commet une erreur. Après cela, les patients ont été divisés en 2 groupes : 22 d’entre eux se sont vus prescrire de l’escitalopram (Seroplex) et 14 autres de la duloxetine (Cymbalta). Ils ont été suivis pendant et après leur traitement de 10 semaines, puis on leur a demandé si la molécule prescrite avait réduit leurs symptômes.
En analysant les résultats, les chercheurs ont découvert que les personnes chez qui les 2 réseaux neuronaux liés à la détection des erreurs étaient les plus actifs lors de l’IRM étaient également ceux qui répondaient le moins bien aux médicaments. « Nous pensons que l’augmentation des interférences entre ces réseaux neuronaux pourrait refléter une tendance naturelle à ruminer face à des évènements négatifs comme les erreurs, ou un déficit dans la régulation émotionnelle face à une erreur, et chez ce type de patients les médicaments s’avéreraient moins efficaces », explique Natania Crane, auteure principale de l’étude.
Les scientifiques ont aussi constaté que les participants qui faisaient le plus d’erreurs pendant l’exercice étaient ceux qui répondaient le mieux au traitement. « En utilisant notre modèle, nous étions capables de prédire avec beaucoup d’exactitude (près de 90 %) quels patients répondraient bien aux traitements à base d’antidépresseurs et ceux pour qui ça ne marcherait pas », souligne le Pr Langenecker. Pour les auteurs, un nouveau pas vers une médecine à la carte vient d’être franchi grâce à l’imagerie médicale.
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