Ce 24 janvier, quatorze organisations infirmières appellent à la grève. Un mouvement pour évoquer leur mal-être et pour demander plus de reconnaissance mais aussi plus d'écoute et de respect. Elles dénoncent "le mépris" de la ministre des Affaires sociales et de la Santé. Et demandent une nouvelle fois à être reçues.
C’est un "cri de détresse". Ce 24 janvier, quatorze formations infirmières*, regroupant tous les modes d'exercice et tous les secteurs d'activité de la profession, en appellent à la mobilisation. À la veille de cette nouvelle manifestation, elles ont présenté leurs revendications lors d'une conférence de presse. Des revendications portées pour la plupart depuis plusieurs années et déjà présentées lors du précédent mouvement, en novembre dernier. Elles ont d'ailleurs reçu le soutien du Comité d'entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). "Nos conditions de travail et d'études se sont dégradées et ne nous permettent pas de réaliser nos actes dans de bonnes conditions", résume d'emblée la présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI), Nathalie Depoire. Une nouvelle fois, les organisations infirmières souhaitent être des "lanceurs d'alerte". Car au-delà du mal-être des infirmiers, c'est la sécurité des patients — "donc de tout le monde, nous sommes tous un jour un patient" — qui est en jeu, complète Nathalie Depoire.
Le "ras-le-bol" de toute la profession
Fermeture de blocs faute d'infirmiers spécialisés, fortes charges pour les libéraux, taux d'assignation supérieur aux effectifs quotidiens pendant les grèves, statu quo sur la réflexion concernant les pratiques avancées, attente de textes sur la réingénierie des diplômes et la reconnaissance pour plusieurs spécialités... sont autant de problèmes évoqués par les professionnels. Ce 24 janvier, les infirmiers veulent faire entendre leur "ras-le-bol" d'un exercice "non reconnu, que ce soit au niveau des compétences que de la rémunération", expliquent-ils. Et leurs représentants de citer des exemples de dysfonctionnements actuels. "On parle de la grippe mais ce qui se passe aujourd'hui avec la grippe est la conséquence directe des fermetures de lits. On a fermé 100 000 lits en dix ans !" dénonce Thierry Amouroux, le secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC).
Mais ce qui est aussi dénoncé en filigrane, c’est bien le manque de dialogue avec la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine. Les formations entendent dénoncer "le mépris" de leur ministre de tutelle. À titre d'exemple, les infirmiers évoquent l'ordonnance publiée trois jours plus tôt au Journal officiel et qui acte la mise en place de l'exercice partiel, qui avait pourtant soulevé une opposition massive de l'ensemble des professionnels de santé, y compris au sein du Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP, lire notre article). "L'ensemble des "paramédicaux" avaient refusé ce texte, l'ensemble des ordres professionnels… et que fait la ministre ? Elle signe son ordonnance", s'indigne Christian Allemand, pour le Syndicat des infirmiers conseillers de santé (Snics-FSU).
"Jamais reçus en cinq ans"
"Marisol Touraine est la ministre de la Santé qui est restée le plus longtemps en poste. Et, en cinq ans, pas une fois elle n'a reçu les infirmiers", ajoute Thierry Amouroux. Quid alors des annonces de décembre sur la qualité de vie au travail des professionnels de santé ? Qu'en est-il également de l'alignement des bourses des futurs infirmiers sur celles des centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) ? "Ce sont des annonces", regrette Nathalie Depoire. Que faut-il retenir des revendications de ce 24 janvier ? "Nous demandons surtout de définir les effectifs en fonction des charges de travail et non selon une gestion comptable coupée de la réalité", conclut la présidente de la CNI.
La manifestation qui partira du parvis de la gare Montparnasse, à Paris, à 13 heures, prendra la direction du ministère pour y porter ces revendications. Les organisateurs ont renouvelé leur demande d'entretien avec Marisol Touraine. "Nous comptons sur la campagne électorale", souligne Thierry Amouroux. Il semble pour le moment qu'ils seront reçus par le cabinet de la ministre et la DGOS.
* Les organisations appelant à la grève ce 24 janvier sont : l'Association des enseignants et des écoles d'infirmiers de bloc opératoire (AEEIBO), l'Association nationale des étudiants infirmiers anesthésistes (Aneia), l'Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (Anfiide), l'Association nationale des puéricultrices(eurs) diplômé(e)s et étudiants (ANDPE), le Comité d'entente des écoles d'infirmiers anesthésistes diplômés d'État (CEEIADE), Convergence infirmière, la Coordination nationale infirmière (CNI), le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia), le Syndicat des infirmiers conseillers de santé (SNICS-FSU), le Syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de la santé (SNIES-Unsa), le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC), le Syndicat national des infirmières puéricultrices libérales (Snipuerlib), l'Union nationale des associations d'infirmiers de bloc opératoire (Unaibode) et l'Union nationale des infirmiers diplômés d'État libéraux (Unidel).
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