| 24.01.2017
Plusieurs travaux rapportent la forte dépendance des patients schizophrènes à la nicotine. Récemment, des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et du CNRS sont parvenus à démêler le mécanisme par lequel la nicotine agit sur les cellules du cortex préfrontal via des expériences sur la souris. Ils ont pu ainsi visualiser comment cette molécule permet de rétablir l’activité normale des neurones impliqués dans divers troubles psychiatriques dont la schizophrénie. Leurs travaux sont décrits dans la revue Nature Medicine.
Les personnes schizophrènes auraient fréquemment recours au tabac pour compenser les déficits dus à la pathologie ou pour se soulager des effets secondaires de leur traitement. Apparemment, la raison de cela se trouverait au niveau du cortex préfrontal, une des zones du système nerveux central altérées chez les individus atteints de ce type de troubles psychiatriques. En effet, en situation non pathologique, l’activité de cette région du cerveau est modulée par l’acétylcholine via des récepteurs nicotiniques situés à la surface des neurones. Or, une mutation génétique nommée CHRNA5 qui code pour une sous-unité de ces récepteurs a été identifiée comme étant liée aux troubles cognitifs des schizophrènes.
Une molécule similaire à la nicotine pour traiter la schizophrénie
Pour en savoir plus, les chercheurs ont reproduit les déficits cérébraux caractéristiques de la maladie en introduisant le gène muté CHRNA5 chez la souris. Ensuite, ils ont pu constater une activité restreinte du cortex préfrontal chez les rongeurs porteurs de la mutation en question grâce à une technique d’imagerie in vivo. Ils ont ainsi découvert que ce sont les interneurones (neurones établissant des connexions entre les réseaux neuronaux) dont l’activité était affectée. Mais le plus remarquable reste que, « lorsque nous administrons de la nicotine, celle-ci se fixe sur les récepteurs nicotiniques des interneurones, et influence l’activité des cellules pyramidales du cortex préfrontal qui retrouvent un état d’excitation normal » affirme Fani Koukouli, auteure principale de l’étude.
Par conséquent, l’administration répétée de nicotine rétablirait une activité normale du cortex préfrontal. Ces résultats laissent donc « présager une possible cible thérapeutique pour le traitement de la schizophrénie », argue Uwe Maskos, autre auteur de l’étude. Toutefois, il faudra que la molécule thérapeutique présente une forme similaire à celle de la nicotine, sans avoir les mêmes effets nocifs comme la dépendance ou le vieillissement cellulaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire