Plus de 350 appels en moins de deux mois. L'association "Soins aux professionnels de santé" a fait ce 20 janvier un premier bilan du numéro vert d'écoute aux professionnels de santé. Un succès qui témoigne du mal-être de ces professionnels et qui a un coût. Le président de l'association en appelle aux pouvoirs publics.
Plus de 350 appels enregistrés depuis le 28 novembre. La plateforme téléphonique lancée fin 2016 par l'association Soins aux professionnels de Santé (SPS) est déjà très sollicitée. Ce numéro vert*, gratuit et disponible 24h/24 et 7j/7, a été mis en place pour aider les professionnels de santé en souffrance (lire notre article). "Nous sommes satisfaits du bon fonctionnement de ce service. Le bilan témoigne de l'utilité de la plateforme. Il y a un réel besoin", explique à Hospimedia le président de SPS, le Dr Éric Henry.
Les infirmiers majoritaires
La plateforme a ainsi répondu principalement la semaine. Seuls une vingtaine de coups de fil ont été passés la nuit, les dimanches et jours fériés. Une partie de ces appelants a été rappelée et suivie par les psychologues du SPS tandis qu'une dizaine a contacté l'association à plusieurs reprises. Qui sont ces personnes ? En grande majorité des femmes (les trois-quarts). Les professions les plus représentées sont les infirmiers, aides-soignants, médecins et pharmaciens, détaille SPS. "Les trois premières étant vraiment dans un mouchoir de poche", précise Éric Henry. Quid des modes d'exercice ? Les appelants évoluent pour majorité, environ 60%, en milieu hospitalier. Les 40% restant sont des libéraux. Ces professionnels travaillent principalement dans le Finistère, à Paris et dans le Rhône. "Mais cela est peut-être dû à une plus forte communication des acteurs locaux sur la création de ce service", complète Éric Henry. La durée moyenne d'un appel est d'une vingtaine de minutes mais deux ont nécessité plus d'une heure d'entretien.
Besoin d'un signal fort de l'État
Ces chiffres témoignent donc d'une détresse croissante de la part des professionnels, avec une accélération en janvier — le 3 janvier, 220 appels avaient été réceptionnés, contre 350 ce 20 janvier — qui devrait s'accélérer encore dans le courant de l'année. "Nous sommes satisfaits mais inquiets face à l'ampleur de la demande", reconnaît Éric Henry. Si le rythme perdure, la plateforme pourrait atteindre son objectif initial de 1 500 appels annuels voire le dépasser. "Nous pensons qu'on pourra facilement atteindre les 2 000 appels en 2017", ajoute le président.
"Nous sommes étonnés que les pouvoirs publics continuent d'ignorer ce problème qu'est la santé des soignants"Dr Éric Henry, président de SPS
Mais il y a un hic : "2 500 appels annuels représentent un coût de 250 000 euros (€)". Or l'association ne dispose en ce début d'année que de promesses de don à hauteur de 50 000 €. "Nous fonctionnons sur les dons de 2016. L'année ne fait que commencer, nous avons de l'espoir mais surtout besoin de dons pour avancer", souligne le président du SPS. Éric Henry en appelle donc à un "signal fort" des pouvoirs publics. "Le ministère a du mal à répondre à la hauteur de la dynamique. Nous avons l'impression d'être seuls face à ce cri. Et ce n'est pas au peuple de porter le risque que l'État devrait lui-même porter", déplore t-il.
D'autant que ce bilan fournit des données précieuses sur le risque de burn out, de suicide et d'addiction des professionnels de santé. "Des données jamais collectées encore. C'est dans ces verbatim que se trouvent les réponses au mal-être des soignants. Nous sommes étonnés que les pouvoirs publics continuent d'ignorer ce problème et de ne pas financer les mesures nécessaires à cette écoute", alerte le président. Il a contacté le ministère, mais aussi plusieurs candidats à l'élection présidentielle, pour leur faire part de l'urgence de la situation. Pour l'heure, personne ne s'est encore manifesté.
* Le service est joignable au 0 805 23 23 36.
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